Le dernier BEH s’est penché sur la prévention et la gestion du risque infectieux épidémique dans les EHPAD (1). Ce danger y est majeur puisque l’enquête Prev’Ehpad 2016 avait révélé que parmi les infections associées aux soins (prévalence à 3,04 %), celles de la sphère pulmonaire (pneumonies et infection respiratoires basses) constituaient la deuxième cause d’infection dans ces établissements après les infections urinaires. Elles représentaient aussi la première cause de mortalité infectieuse et le premier motif infectieux de transfert hospitalier. Un nombre important de cas groupés de gastro-entérites aiguës (GEA) est observé chaque année en EHPAD, accompagné d’un risque de propagation rapide et de déshydratation sévère. Dans ce contexte, le Haut conseil de la santé publique avait émis des recommandations en 2010 (2) et 2012 (3).
→ L’enquête descriptive transversale du BEH a été réalisée durant l’été 2017 et a décrit rétrospectivement les épisodes de cas groupés (au moins 5 cas d’IRA ou de GEA en 4 jours) survenus au cours de la saison hivernale 2016-2017 – particulièrement touchée par l’épidémie grippale – dans les EHPAD de la région Occitanie. 67 % des 412 résidences médicalisées sollicitées ont répondu.
→ Il apparaît ainsi que 28,4 % de ces établissements ont connu au moins un épisode d’IRA et 20,6 % au moins un épisode de GEA. Le taux d’attaque moyen estimé chez les résidents (IRA : 27,5 %, GEA : 28,6 %) était cohérent avec le taux d’attaque moyen observé dans les épisodes signalés au cours de la surveillance hivernale (respectivement 28,8 % et 32,7 %). 86 % des résidents étaient vaccinés contre la grippe et l’objectif de 75 % dans les groupes à risque était atteint dans 83,8 % des cas.
Chez les soignants en revanche, le taux d’attaque moyen estimé était supérieur au taux observé lors de la surveillance hivernale pour les épisodes d’IRA (13,4 % vs 6,2 %) mais en cohérence pour les épisodes de GEA (12,7 % vs 10,8 %). Un résultat qui souligne une fois de plus la faiblesse de la couverture vaccinale antigrippale chez les soignants (30,4 %), notamment du secteur public.
→ L’identification précoce des épisodes de cas groupés semble être un problème pour les établissements, notamment pour les épisodes d’IRA. Le HCSP souligne dans sa recommandation que le tableau clinique de bronchopneumopathie est souvent trompeur chez le sujet âgé. La fièvre et la toux sont absentes dans un cas sur trois. L’expectoration et la dyspnée manquent près d’une fois sur deux. Il faut penser à une infection respiratoire basse chez le sujet âgé devant des signes peu spécifiques traduisant une décompensation fonctionnelle comme un état confusionnel, une anorexie, des chutes, une altération de l’état général, un amaigrissement, des douleurs abdominales, un malaise, une somnolence, une incontinence, une décompensation d’insuffisance respiratoire chronique ou d’insuffisance cardiaque, etc.
1- BEH 37 du 6 novembre 2018
2 & 3- www.hcsp.fr
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