En cas d'hypothyroïdie, les valeurs cibles de TSH à atteindre sous traitement ne sont pas clairement définies. Globalement, la plupart des guidelines conseillent simplement de revenir à une valeur dans les limites de la normale, soit dans une fourchette très large allant de 0,4 à 4 mUI/L. Certaines sociétés savantes sont un peu plus « exigeantes », comme la Société française d’endocrinologie qui préconise de normaliser la TSH (< 4 mUI/L) et de la mettre « si possible entre 0,5 et 2,5 mUI/L pour une parfaite euthyroïdie ».
Mais peu d’études permettent de savoir si ces valeurs cibles « optimales », définies sur la base d’études menées chez l’euthyroïdien, sont transposables à l’hypothyroïdie et dans quelle mesure le fait de s’en écarter est ou non péjoratif pour les patients.
→ Afin d’y voir plus clair, une étude rétrospective publiée dans le BMJ (1) s’est penchée sur la morbimortalité à long terme (mortalité toute cause, AVC/AIT, infarctus du myocarde, FA, insuffisance cardiaque et fractures de fragilité) associée à l’hypothyroïdie en fonction des valeurs de TSH. Les auteurs ont passé au crible les données de 162 369 patients britanniques atteints d’une hypothyroïdie diagnostiquée entre 1995 et 2017 et ayant bénéficié de mesures répétées de TSH.
→ Résultat : pour toutes les valeurs de TSH comprises dans les limites de la normale, soit entre 0,4 et 4 mUI/L, « nous n'avons trouvé aucune différence entre les taux de mortalité, ni observé d'augmentation du risque de cardiopathie ischémique, d’insuffisance cardiaque, d’AVC/AIT, de FA et de fracture », indiquent les auteurs.
→ En revanche, la mortalité était plus élevée en cas de TSH plus basse (0,1 mUI/L) et pour des concentrations supérieures à 4 mUI/L. Le risque d'insuffisance cardiaque était accru en cas de TSH > 10 mUI/L mais réduit pour des valeurs < 0,4 mUI/L. Un risque plus élevé de fractures de fragilité a aussi été observé avec des TSH > 10 mUI/L, principalement chez les femmes et les patients âgés de plus de 65 ans.
→ Pour les auteurs, ces données corroborent les recommandations actuelles sur la prise en charge des patients hypothyroïdiens et confortent le choix d'une zone cible plutôt large. « Cependant, en montrant des effets sur la mortalité toutes causes lorsque l’hypothyroïdie est traitée de manière sous-optimale, nos résultats remettent en cause la notion de “maladie bénigne” et soulignent la nécessité d’une surveillance régulière, ce qui est parfois négligé dans cette maladie au long cours. »
Si la personne est bien équilibrée sous traitement, « la surveillance s’effectue annuellement par un interrogatoire, un examen clinique et un dosage de la TSH », rappelle la HAS dans sa fiche mémo sur l'hypothyroïdie publiée début 2019 (2).
1- Thayakaran Ret al., Thyroid replacement therapy, thyroid stimulating hormone concentrations, and long term health outcomes in patients with hypothyroidism: longitudinal study. BMJ 2019;366:l4892
2- HAS. Pertinence des soins - Hypothyroïdie. Mars 2019
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