Après les médecins gastro-entérologues et les cardiologues, c'est au tour des endocrinologues diabétologues et nutritionnistes de bénéficier de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP).
Le dernier atlas de l'Ordre recense 1 791 endocrinologues en France. 42 % ont une activité mixte mais seuls 443 endocrinologues exercent en libéral.
Cette décision fait suite à la signature ce mercredi d'un avenant conventionnel (l'avenant 4) signé par trois syndicats (Le BLOC, MG France et la FMF). Cette ROSP était très attendue par les professionnels. Elle devait au commencement intervenir au plus tard le 31 décembre 2016 mais les négociations ont été reportées par l'Assurance-maladie l'année dernière.
Huit indicateurs pour maximum 2 380 euros
Huit indicateurs de pratique clinique des médecins ont été définis sur le suivi des pathologies chroniques dont le diabète et la thyroïde. À titre d'exemple, l'un des indicateurs retenu est « la part des patients ayant eu une cytoponction avant intervention parmi les patients opérés d'un nodule thyroïdien » ou encore « la part des patients diabétiques ayant bénéficié de soins de podologie (POD) qui ont eu au moins 4 POD sur 12 mois ».
Pour chaque indicateur sont précisés l'objectif intermédiaire, l'objectif cible, le seuil minima et le nombre de points. « Le nombre de points attribués au médecin est défini pour une patientèle moyenne (...) de 1 000 patients pour un médecin spécialiste en endocrinologie, diabétologie et nutrition », peut-on lire dans le document.
La ROSP maximale s'élève à 2 380 euros par an (à sept euros le point).
Manque de reconnaissance
Les médecins libéraux, les endocrinologues en tête, sont loin d'être convaincus par la version finale de l'avenant conventionnel. « La revalorisation est insuffisante, déplore le Dr Patrick Bouillot, président d'honneur du Syndicat des médecins spécialistes en endocrinologie (SEDMEN). L'avenant n'est pas à la hauteur de nos attentes et ne met pas en valeur notre rôle en santé publique. Nous aurions apprécié l'ajout d'un indicateur déclaratif sur l'obésité mais l'Assurance-maladie (CNAM) n'a pas souhaité aller plus loin. »
L'ensemble des indicateurs vaut par ailleurs 340 points contre 1 000 points pour la ROSP du médecin traitant. « On vit cela comme un manque de reconnaissance », commente le spécialiste de Nevers, amer.
Cette nouvelle est d'autant plus mal perçue par le secteur que les revenus des endocrinologues sont inférieurs à ceux des autres spécialités, et ce depuis longtemps. Selon le bilan fiscal 2017 des AGA (UNAPL), le bénéfice imposable des endocrinologues s'élève à 69 000 euros, avant-dernière position du classement (devant les médecins remplaçants). « Si on veut rendre notre spécialité attractive, il faut revaloriser nos actes. Nous prenons en charge des pathologies avec des prévalences importantes, nous sommes déçus des dernières revalorisations et à cela s'ajoute la ROSP... Il faut un vrai courage politique », insiste le Dr Bouillot.
Du côté des syndicats non-signataires, même son de cloche : la ROSP est décevante. « L'endocrinologie est une spécialité oubliée, commente au « Quotidien », Dr Philippe Vermesch, président du SML. Avec le temps, cela va être de plus en plus difficile d'avoir une ROSP à 100 % car les critères se durcissent. » Le SML juge par ailleurs que le rythme de déploiement de la ROSP est « trop lent », au regard de la trentaine d'autres spécialités en attente.
Le Dr Patrick Gasser, président de l'UMESPE (branche spécialiste de la CSMF) joint sa parole à ses confrères : « Le nombre de points alloués à cette ROSP est totalement insuffisant, alors que cette spécialité souffre depuis des années. Il manque des indicateurs importants comme la déclaration sur l'obésité. »
Le SML et la CSMF estiment sans détour que cet avenant n'est pas suffisamment séduisant pour entrer dans la convention.
Avenant n°4 conv med 2016 VDEF - signé by Le Quotidien du Médecin on Scribd
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