Peut mieux faire. Tel est l’avis des fédérations et syndicats de praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) après la parution, jeudi 29 mai au Journal officiel, des textes réformant les épreuves de vérification des connaissances (EVC) et le parcours de consolidation des compétences (PCC).
Le ministre de la Santé et de l’accès aux soins, Yannick Neuder, a pourtant tenu ses promesses. Évoquée à plusieurs reprises lors des réunions organisées par la direction générale de l’offre de soins (DGOS), la voie interne aux EVC – étape cruciale pour obtenir l’autorisation de plein exercice – est officiellement créée. Ainsi, les Padhue ayant déjà exercé sur le territoire national n’auront plus qu’une épreuve théorique à passer au lieu de deux examens théorique et pratique.
Pas d’avancée révolutionnaire
Une évolution jugée insuffisante par les syndicats et fédérations de Padhue. « Ce changement, bien que présenté comme une réforme majeure par la tutelle ne constitue pas une avancée révolutionnaire, soulève la Fédération des praticiens de santé (FPS), présidée par le Dr Ayoub Mdhafar qui plaide pour transformer le concours en un simple examen où les candidats sont déclarés lauréats dès lors qu’ils ont obtenu la note minimale ou plus. Pour que cette voie interne du concours ait un réel impact pour les candidats exerçant depuis plus de deux ans en France, il serait essentiel d’ouvrir au moins 5 000 postes au concours interne en 2025, en incluant toutes les spécialités médicales et chirurgicales ».
Le compte n’y est pas du tout pour l’Ipadecc, qui milite de longue date pour une régularisation sur dossier des Padhue qui exercent déjà en France depuis plusieurs années : « Un Padhue avec un an d’exercice passe la même épreuve qu’un autre, avec six ans d’expérience, sans distinction, pointe le Dr Abdelhalim Bensaidi, président par intérim de l’association. L’épreuve pratique a été supprimée, tandis que l’épreuve théorique est maintenue, alors même que nous sommes des praticiens et non des étudiants ». Celui qui a été recalé en médecine générale à la dernière session des EVC plaide pour que l’avis du chef de service, qui encadre le Padhue candidat qui exerce déjà sur le territoire national, puisse être pris en compte dans l’évaluation finale.
Des zones d’ombre
S’agissant du parcours de consolidation des compétences, les syndicats restent aussi sur leur faim. Initialement d’une durée de deux ans, cette période, qui s’adresse aux lauréats des EVC, peut désormais être raccourcie « pour accélérer l’autorisation d’exercice pour les praticiens reconnus compétents sur le terrain, sans renoncer à l’exigence indispensable de qualité », a précisé Yannick Neuder dans un post publié sur LinkedIn.
Mais des zones d’ombre inquiètent les syndicats. « Les décrets ne sont qu’une ébauche, il faut les travailler davantage car ils contiennent encore beaucoup trop de vides juridiques », regrette la Dr Kahina Hireche Ziani, secrétaire générale et porte-parole de SOS Padhue. Quid des lauréats aux EVC et de la procédure stock qui sont déjà en cours de PCC ? Ils doivent eux aussi pouvoir bénéficier de cette dérogation ».
Pointant de son côté une iniquité de traitement, la FPS réclame « l’extension à tout le territoire de la dérogation accordée uniquement aux Padhue exerçant dans certaines régions d’outre-mer et justifiant d’au moins cinq ans d’exercice, afin qu’ils puissent, s’ils le souhaitent, se présenter directement devant la commission d’autorisation d’exercice ». Dans leur état actuel, les décrets n’offrent, en effet, une possibilité d’être exempté de PCC qu’aux Padhue des territoires ultramarins.
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