« On est arrivé à un point de non-retour, on n'a plus les moyens d'accueillir décemment les patients », déplore François Sanchez, représentant FO du personnel à l'hôpital de Perpignan. Depuis dimanche 6 février, afin de faire face à l’afflux de patients et au manque de lits, trois tentes « pour trier les patients » ont été installées devant le CHU. Selon le syndicaliste, « il ne restait plus que trois lits d'aval disponibles dans tout l'hôpital. Les urgences s'engorgent complètement et on n'arrive pas à redispatcher les patients dans les services où ils devraient aller ». En conséquence, le syndicat appelle à une grève illimitée à partir du 7 février.
Pour tourner correctement, il manquerait « au moins 30 à 40 lits », affirme François Sanchez. « Quand on parle de lits, c'est surtout le nombre de soignants qui sont autour et les médecins pour les prendre en charge qui manquent cruellement », ajoute-t-il. Dimanche matin, les pompiers des Pyrénées-Orientales sont venus en renfort pour monter les trois tentes dans l’urgence. « Elles vont permettre de trier les patients afin qu'ils ne restent pas dans les couloirs, précise François Sanchez. Ce tri qui se faisait aux urgences a été déporté sous les tentes, l'espace de 48 heures ». « Mais dans 72 heures, rien ne sera réglé et le problème va se poser à nouveau, selon lui. Il y a un ras-le-bol global du personnel des urgences, surtout des infirmières ».
Afflux inédit
Afflux de patients, manque chronique de personnels et de places : le 3 février, le CHU de Bordeaux a dû, lui aussi, recourir à un « poste médical avancé ». Deux tentes, dressées dans un hall de l’hôpital, permettent d'accueillir les patients aux urgences avant de les orienter. Ce dispositif de fortune est renouvelable toutes les 24 heures.
La veille, « 38 cas de patients Covid se sont rajoutés au flux normal des urgences, c'est du jamais vu ici », rapporte à France 3 Aquitaine, la direction du CHU. L’hôpital « a pris en charge un nombre inégalé de patients atteints de Covid, et un afflux massif de patients aux urgences adultes dans la journée du mardi 1er février a créé une situation inédite de fréquentation, détaille la direction. Cette hausse soudaine s’explique notamment par la saturation de tous les services d’urgences du territoire, qui a entraîné une réorientation de patients vers les urgences du CHU ».
Honte
Avec gravité, le Collectif urgences Bordeaux déplore qu'il n'y ait « plus un seul lit » disponible. « Jusqu'à quand devrons-nous avoir honte de nos conditions d'accueil ? », s'interroge, amer, le collectif qui regroupe 250 personnels hospitaliers. C'est « une médecine de guerre en temps de paix », résume-t-il.
Format de la tente parfaitement adapté à notre hall. Spacieux, permet de placer jusqu'à six patients en simultané. Seul bémol : mauvaise insonorisation et manque d'un espace dédié pour les annonces de maladie grave. Je recommande ⭐⭐⭐ @CHUBordeaux https://t.co/mi0fhiCtPw pic.twitter.com/sqCesUDuP1
— Collectif Urgences Bordeaux (@CollectifUrgBdx) February 2, 2022
Vendredi 4 février, c’est cette fois l’hôpital de Brive qui a appelé en renfort la protection civile de Corrèze pour installer deux tentes devant l’entrée de l’établissement… Deux lits médicalisés y sont installés pour un premier tri à l’entrée des urgences.
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