Infirmière diplômée depuis 1 an et demi, Mathilde Basset dresse un bilan très sombre de ses premiers mois de pratique. Employée depuis trois mois au centre hospitalier du Cheylard (commune de l’Ardèche), la jeune femme de 27 ans achève son contrat « avec dégoût et la boule au ventre ».
Elle a confié son désarroi dans une lettre ouverte à la ministre de la Santé, qu’elle a publiée sur son profil Facebook. Depuis le 27 décembre, ce témoignage a été partagé plus de 18 600 fois et suscité plus de 2 200 commentaires.
Dans ce texte, Mathilde Basset décrit ses conditions de travail, d’abord au sein du service de médecine/SSR/Urgences, où il lui est arrivé de prendre en charge seule 35 patients, puis à l’EHPAD, un étage plus bas.
Stressée et maltraitante
« Ce matin, j'étais seule pour 99 résidents, 30 pansements, un œdème aigu du poumon, plusieurs surveillances de chutes récentes et j'en passe », raconte la jeune femme qui dénonce le sous-effectif des services, qui l’oblige à « bâcler son travail » et à agir « comme un robot ». « Je suis dans une usine d’abattage qui broie l’humanité des vies qu’elle abrite, en pyjama ou en blouse blanche », écrit-elle.
L’infirmière constate avec tristesse que les valeurs inculquées aux soignants pendant leurs études sont bafouées à l’hôpital. « Je suis stressée donc stressante et à mon sens, maltraitante », déplore Mathilde qui dit être dans « l'incapacité de créer le moindre relationnel avec les familles et les usagers ».
Elle dénonce la politique gestionnaire du ministère, incompatible avec la « logique soignante » et invite Agnès Buzyn à venir se rendre compte par elle-même de la situation à l'hôpital : « Venez voir, rien qu'une fois. Moi je rends mon uniforme, dégoûtée, attristée. » Le 30 janvier prochain, elle défilera à Valence aux côtés de ses collègues pour la journée de grève nationale intersyndicale dans les EHPAD.
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne
Denis Thuriot (maire de Nevers) : « Je songe ouvrir une autre ligne aérienne pour les médecins libéraux »