En plein débat sur l'obligation vaccinale des soignants, le Pr François-René Pruvot (Lille), président de la conférence des présidents de CME des CHU, confie au « Quotidien » que trop peu de personnels non-médicaux se font vacciner contre le Covid-19 au sein des établissements de santé.
LE QUOTIDIEN : De nombreux patients hospitalisés se plaignent de ne pas avoir accès au vaccin contre le Covid-19. En quoi est-ce une difficulté pour l’hôpital de vacciner ses propres patients ?
Pr FRANÇOIS-RENÉ PRUVOT : Premièrement, la circonstance n’est pas excellente dans beaucoup de situations. Quand les gens sont hospitalisés pour une raison évolutive, on veut créer le moins d’interférence possible avec la maladie. Bien sûr, des gens qui viennent en simple consultation ou en bilan de réévaluation pourraient être vaccinés mais il y a aussi un frein technique. Avec les vaccins Pfizer et Moderna, nous étions tenus, en raison des conditions particulières de conservation, d’avoir des vacations de vaccination assurées lorsqu’un certain nombre de flacons étaient sortis du congélateur. Il fallait anticiper. Pour le vaccin AstraZeneca, dans la mesure où il peut provoquer chez certains des effets indésirables de fièvre ou courbatures, on ne va pas rajouter cela à un patient hospitalisé. En fait, la vaccination des patients hospitalisés est un faux problème.
En revanche, la vraie question à se poser, c’est de savoir pourquoi certains hôpitaux ne se sont pas portés volontaires pour vacciner leur personnel.
Que voulez-vous dire ?
Il y a une prise de conscience insuffisante dans certaines structures de soins et leurs personnels sur la nécessité absolue de se faire vacciner ! Certains hôpitaux locaux ont donc dit qu'ils n'avaient pas de personnels ou pas le temps d’effectuer cette vaccination contre le Covid-19. Il y persiste des poches de résistance à la vaccination. Sur ce point, on a un gros problème avec le personnel non médical notamment [aides-soignantes, brancardiers, infirmiers, etc. NDLR]. Nos médecins du travail nous le disent. On doit les convaincre que le vaccin marche et que les effets secondaires sont maîtrisables. En gros, les chiffres que nous avons disent que seuls 30 à 50 % des personnels des CHU sont vaccinés. C’est trop peu, même si les médecins sont, eux, davantage convaincus.
Comment faire pour y remédier ?
Nous allons augmenter les cadences de vaccination. Il sera lancé très prochainement dans l'ensemble des CHU une campagne de sensibilisation à la vaccination interne. Je vais prendre contact avec mon homologue des centres hospitaliers non universitaires pour qu’il fasse la même chose. Nous allons relancer les chefs de service, les chefs d’unité fonctionnelle et les cadres infirmiers pour porter la bonne parole afin d’expliquer que l’efficacité du vaccin AstraZeneca est égale à celle des autres, comme le souligne la dernière étude écossaise.
Et d’un point de vue plus général, je pense que dans quelques semaines, nous serons en mesure de dire que l’on peut vacciner tout le monde sans distinction d’âge.
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