« NOTRE DIRECTEUR général ne maîtrise ni le droit, ni ses nerfs. » Quinze jours après les faits, Le Pr Bernard Granger, psychiatre de son état et surtout leader depuis quelques semaines de la contestation des chefs de service de l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) à la loi Bachelot, est toujours en colère.
Le 6 mai, soudainement, l’utilisation par mail des listes internes de diffusion (du type « à tous les directeurs », ou « à tous les présidents de CME ») a été suspendue pour l’ensemble des utilisateurs des boîtes mail de l’AP-HP. À l’origine de cette coupure : un petit clic de Bernard Granger, qui ce jour-là diffuse à tous ses confrères chefs de service le « Tableau prévisionnel des effectifs rémunérés » de 2009 (des effectifs en diminution, ce qui donne de l’eau au moulin des pourfendeurs de l’hôpital-entreprise). « Le Pr Granger a utilisé une boîte mail professionnel pour diffuser des documents de travail qui devaient être débattus par des instances représentatives (CTE, CME). Cet envoi n’était pas acceptable », constate la direction de l’AP-HP qui a donc riposté en suspendant pendant une journée entière l’utilisation des listes de diffusion sur son intranet. Le temps, explique-t-on, de « mettre en place une procédure de modération » pour ce type d’envoi (le mail doit désormais être envoyé à la direction de la politique médicale qui a 24 heures pour donner son feu vert). La méthode a été soumise à la CME qui l’a acceptée, fait-on valoir à l’AP-HP, et elle n’a rien d’extraordinaire puisque des procédures semblables ont par exemple été « mises en uvre par les doyens de faculté ».
Le sang du Pr Granger, ardent animateur du Mouvement de défense de l’hôpital public, ne fait qu’un tour. « L’adresse intranet qui permet à tous les chefs de service de communiquer entre eux et qui était utilisée sans restriction, est désormais " modérée », c’est-à-dire censurée par le siège de l’AP-HP », s’alarme-t-il. Outre qu’il a dû comme les autres faire sans cette adresse pendant une journée, Bernard Granger explique que quand il a pu réutiliser à plein sa boîte mail, il s’est aperçu qu’il avait dans la bataille « perdu six mois de messages, dont des mails envoyés à des patients ». L’affaire, dit-il est « entre les mains de (son) avocat ». Et « il y aura des suites, prévient-il. Devant le Conseil de l’Ordre et devant la CNIL ! »
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