Réunie en assemblée générale à Besançon à l’occasion de ses journées d’été, le week-end dernier, l’association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) a élu sa nouvelle équipe nationale. Réforme des ECN, ECOS, PASS, précarité financière des étudiants, manifestation des syndicats de médecins à la rentrée : le nouveau président du syndicat carabin, Jérémy Darenne, 20 ans, présente les priorités de son mandat.
LE QUOTIDIEN : Quel est votre parcours universitaire jusqu'à présent et quelle spécialité envisagez-vous d’exercer ?
JÉRÉMY DARENNE : Je suis étudiant en troisième année de médecine à la faculté de Strasbourg. Au sein de l’Anemf, j’ai exercé la fonction d’administrateur pendant le mandat 2022-2023 à travers mon engagement dans la structure locale, l’association amicale des étudiants en médecine de Strasbourg, en tant que responsable représentation. Je suis aussi membre du conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche. Je pense m’orienter vers la médecine générale. Mais je suis au début de mes études et j’ai encore le temps de découvrir d’autres spécialités !
A propos de la médecine générale, quel regard portez-vous sur l’ajout d’une quatrième année d'internat ?
L’un des problèmes de la réforme, c’est qu’elle a été mise en place à la hâte et sans les moyens nécessaires, puisqu’on manque de maîtres de stage universitaires. Mais le plus gros problème reste l'absence de cadrage. C’est-à-dire que les étudiants qui vont s’engager dans leur internat en médecine générale à la rentrée, c'est-à-dire ceux qui ont passé les ECN au mois de juin, risque de devoir choisir leur spécialité sans savoir exactement dans quoi ils s’engagent.
Comment se présentent à ce jour les épreuves dématérialisées nationales (EDN) qui remplaceront, à la rentrée, les ECN ?
La première promotion qui va entrer en D4 passera les épreuves dématérialisées en octobre et les examens cliniques objectifs structurés (ECOS) en mai. Pour le moment, c’est le recrutement des patients simulés* qui nous pose problème. Comment les facs pourront-elles avoir des patients à disposition permettant une évaluation correcte et équitable pour tous les étudiants. Par exemple, on sait pertinemment qu’un praticien, selon le sujet de la consultation, ne posera pas forcément la même question à un homme qu’à une femme. C’est pour cela qu’il faudra s’assurer que les types de patients soient les mêmes selon les différents endroits où on passera les ECOS.
Vous entendez faire des propositions sur la PASS et la L.AS. En quoi le dispositif actuel ne vous satisfait pas ?
La problématique se situe au niveau de l’harmonisation entre les différents parcours. Ce sont deux systèmes qui ne nécessitent pas la même charge de travail et l’un des gros problèmes sur la suite des études, une fois les sélections faites, repose sur le niveau que l’étudiant a pu acquérir. C’est une réflexion que nous avons déjà entamée et que nous entendons poursuivre en consultant les étudiants pour voir comment nous pourrions repenser ce premier cycle de DFGSM 2 et de DFGSM3 pour l’adapter à la réforme du second cycle.
L’Anemf a récemment publié un guide de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Vous voulez également lutter contre la précarité croissante des étudiants en médecine. Comment ?
Le guide pose des définitions sur ces violences, décrit comment les reconnaître, explique la notion de consentement et comment agir quand on en est témoin ou victime. Peu de gens connaissent les procédures. S'agissant de la lutte contre la précarité financière, nous demandons l’ouverture des bourses pour critères sociaux sur les 12 mois de l’année puisque durant l’été, les étudiants hospitaliers conservent leurs obligations et ne peuvent pas forcément avoir un job d’étudiant à côté. Or, les bourses existent pour aider financièrement les étudiants pendant leurs études et si nous avons toujours des obligations durant l’été, c'est bien que nous sommes en études toute l'année.
La rentrée risque de s’annoncer mouvementée avec le retour en discussion de la proposition de loi Valletoux. Certains syndicats médicaux ont déjà annoncé un possible mouvement de grève. Suivrez-vous vos homologues séniors ?
Ce sont des dossiers sur lesquels nous avons déjà commencé à nous pencher. L’une des craintes majeures était la création d’un mécanisme de coercition. Ce sont des mesures contre lesquelles nous continuerons à nous battre, que ce soit la loi Valletoux ou tout autre texte qui tenterait de transformer le système de santé, notamment par une atteinte à la liberté d’installation. Mais nous répondrons aussi présents pour être force de propositions et contribuer à trouver des solutions pour améliorer l’accès aux soins.
*Les patients simulés « recrutés » par la fac jouent un rôle défini dans des saynètes de mise en situation destinées à évaluer la capacité de l’étudiant à répondre à des situations cliniques contextualisées.
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne