Depuis le vendredi 15 mai et la publication du décret ad hoc, les modalités d'accès à la prime pour les soignants hospitaliers en récompense de leurs efforts durant l'épidémie de coronavirus sont établies. Elle s'élève à 1 500 euros – montant maximal – pour les personnels hospitaliers des 40 départements les plus touchés par l'épidémie sans distinction et à 500 euros pour les autres. Une disparité qui est loin de plaire à tout le monde car la règle édictée souffre une exception de taille...
Parmi les 61 départements moins exposés où les personnels sont donc censés – cas majoritaire – se contenter d'une prime de 500 euros, 79 hôpitaux « de première ligne » pourront distribuer 1 500 euros à condition que cela ne concerne pas plus de 40 % de leurs effectifs, selon un projet d'instruction ministérielle révélé par l'AFP. Ainsi, de Brignoles à Saint-Malo, de Cayenne à Gisors, les personnels soignants, techniques, administratifs et étudiants de quelques dizaines d'hôpitaux publics ne savent pas s'ils toucheront 500 ou 1 500 euros au titre de leur engagement durant la crise.
Il appartiendra aux directeurs des établissements de relever la prime « pour les services ou agents impliqués dans la prise en charge de patients contaminés ou mobilisés par les circonstances exceptionnelles d'exercice », détaille le document. Ils sont invités à présenter aux instances représentatives du personnel (comité technique, commission médicale) « les critères envisagés notamment pour la liste des services éligibles » qui devra être transmise à l'agence régionale de santé (ARS). Un système de quotas qui jette le trouble dans le contexte actuel de mobilisation générale.
« Décision incompréhensible »
Quoi qu'il en soit, les modalités d'attribution des primes Covid dont le montant va du simple au triple ont en tout cas soulevé les critiques ces derniers jours. Deux élus socialistes ardéchois ont fait part de leur « incompréhension », de leur « désarroi » et de leur « colère » dans deux courriers adressés à Olivier Véran.
« Cette décision est proprement incompréhensible. L'Ardèche a eu à subir une augmentation effroyable de sa mortalité due au Covid-19. Tous les autres départements qui se situent dans la même strate de surmortalité ont été, quant à eux, retenus », écrit Hervé Saulignac. Le député PS a interpellé le ministre sur le sujet lors d'une séance de questions au gouvernement le 19 mai. « Vous auriez voulu faire plus injuste et plus inefficace que vous n'auriez pas fait autrement », a-t-il assené.
Attribuer des primes, c’est bien. À condition de ne pas faire des gagnants d’un côté et des perdants de l’autre. Vous auriez voulu faire plus injuste et plus inefficace que vous n'auriez pas fait autrement. #QAG #Covid_19 #DirectAN pic.twitter.com/AgaYNsEmWK
— Herve Saulignac (@hsaulignac) May 19, 2020
Laurent Ughetto, président du conseil départemental, évoque une « double peine ». « Celle d'avoir subi ces dernières années un affaiblissement de nos capacités hospitalières et aujourd'hui celle de ne pas pouvoir être reconnu faute de moyens suffisants », écrit-il.
Dans la même veine, le sénateur LR des Alpes-Maritimes, Jean-Pierre Leleux, a critiqué dans un courrier à Olivier Véran une décision « très mal vécue par les personnels ». Il dénonce « une approche injuste et critiquable » qui « méconnaît le travail effectué par ces agents ».
Courrier que j’ai adressé à @olivierveran @MinSoliSante en réaction au décret ministériel, paru au JO du 15 mai, attribuant un régime indemnitaire de 1500€ pour les personnels hospitaliers excluant les hôpitaux de @villedegrasse @JeromeViaud et de @villecannes @davidlisnard pic.twitter.com/kdbswKXNyr
— Jean-Pierre LELEUX (@jpleleux) May 16, 2020
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