Remis la semaine dernière au ministre de la Santé Olivier Véran, le rapport Claris sur la gouvernance et la simplification hospitalière fait un sort aux « irritants du quotidien », tous ces tracas, petits ou grands, qui grippent les rouages de l'hôpital, empoisonnent le quotidien des médecins et soignants et les poussent à exercer leurs talents ailleurs.
La mission fonde son analyse sur un questionnaire adressé à 800 hôpitaux, auquel ont répondu 6 507 administratifs et soignants – dont 3 361 médecins présidents de commission médicale d'établissement (PCME), chefs de pôle, de service et praticiens.
Deux « dysfonctionnements majeurs » ressortent des « constats solides » dressés par l'équipe du Pr Olivier Claris – lui-même président de la CME des Hospices civils de Lyon (HCL).
Le premier porte sur la « lourdeur des circuits de décision », frein évoqué par 46 % des répondants. C'est même le premier grief de la communauté médicale, en particulier des chefs de service (54 %), tandis que les directeurs généraux sont nettement moins nombreux (19 %) à juger que cet irritant est le plus pénible. Ces derniers sont davantage préoccupés par l'absentéisme, problématique citée par 38 % des hospitaliers (48 % des directeurs et 66 % des cadres de pôle mais 21 % des PH).
Le troisième point noir est souligné par la quasi-intégralité du panel : la recherche de lits ou structures d'aval. Les médecins (40 % des PH, 38 % des PCME, 33 % des chefs de service) sont particulièrement agacés par la perte de temps qui accompagne cette contrainte. Dans la même veine, la « multiplication des procédures et process qualité » est pointée du doigt par 39 % des chefs de service. Cet item fait partie des dysfonctionnements les plus fréquemment cités par les médecins.
Sans surprise, le manque de temps accordé à la relation soignant/soigné apparaît comme un puissant perturbateur surtout chez les médecins (38 % à 42 % selon les fonctions), dix fois plus inquiets que les directeurs sur ce point (4 %).
Ce « sentiment de coupure », ainsi nommé dans le rapport, entre les directions hospitalières et la communauté médicale s'illustre aussi dans certaines failles de communication entre les deux mondes. Les chefs de service sont ceux qui déplorent le plus (40 %) l'absence de réponse – positive ou négative – aux questions posées à leur hiérarchie.
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