Le gouvernement a déclenché le « plan blanc maximal », ordonnant aux hôpitaux et cliniques d'annuler toute chirurgie non urgente pour accueillir le maximum de malades du coronavirus ; ils disposeront pour cela de « tous les moyens financiers nécessaires ».
Place nette et branle-bas de combat. « J'ai demandé aux agences régionales de santé d'annuler sans délai toute activité programmée dans tous les hôpitaux du pays », a déclaré le ministre de la Santé Olivier Véran, vendredi sur Europe 1, en écho aux propos d'Emmanuel Macron, jeudi soir.
La veille, un courrier transmis à tous les directeurs de ces agences (ARS) leur enjoignait de procéder à la « déprogrammation immédiate des interventions chirurgicales non urgentes avec réanimation post-opératoire », c'est-à-dire sous anesthésie générale.
Laisser de la place en réa pour être prêts
Le ministre de la Santé avait évoqué ce scénario en fin de semaine dernière, mais « on avait préparé cette opération (...) depuis plusieurs semaines » déjà, a précisé à l'AFP le directeur de l'ARS Ile-de-France Aurélien Rousseau. Olivier Véran a expliqué que cette décision permettait de déclencher le plan blanc maximal et de « libérer les ressources, les plateaux techniques (et) les personnels compétents ».
Et d'expliciter à nouveau la stratégie face au coronavirus. « Je laisse de la place en réanimation, même si nous n'en avons pas besoin aujourd'hui, pour que ces places soient prêtes (...) dans 3, 4, 5 jours », a-t-il précisé. « D'habitude, on active ce genre de plan quand on est face à la détresse. Je l'active par anticipation partout, y compris là où le virus ne circule pas encore, pour (...) que nous ne soyons pas pris à la gorge », a-t-il ajouté.
Cette réorganisation permettra aussi d'augmenter « le nombre de lits en hospitalisation conventionnelle, pour les personnes qui n'ont pas besoin de passer en réanimation », a réagi sur RFI le Pr Karine Lacombe, cheffe du service de maladies infectieuses à l'hôpital parisien Saint-Antoine. « Les gens très malades représentent moins de 5 % des personnes qui sont infectées » par le coronavirus, mais l'épidémie « va toucher probablement 50, 60, 70 % de la population française », a-t-elle estimé. « Si c'est sur un laps de temps très court, par exemple un mois et demi à deux mois, ça va faire beaucoup de personnes à prendre en charge dans le système de soins », a-t-elle mis en garde.
Épreuve de vérité
« Nous entrons dans une phase compliquée, où on va avoir probablement une vague de patients qui va arriver à l'hôpital », a prédit sur Sud Radio le Pr Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou (AP-HP), autre établissement de la capitale. « Dans mon hôpital, on va pouvoir au pire accueillir jusqu'à 100 personnes intubées-ventilées, ce qui est énorme », a-t-il précisé. Mais le plus dur reste à venir et « il va falloir tenir, physiquement parce que c'est fatigant, humainement, au plan du matériel... C'est une épreuve de vérité collective », a-t-il averti.
Dans un secteur traversé depuis un an par un conflit social inédit sur fond de restrictions budgétaires chroniques, Emmanuel Macron s'est également engagé jeudi soir à dépenser sans compter car « la santé n'a pas de prix ».
Le budget actuel de la Sécu pour 2020 prévoit 84,4 milliards d'euros de dépenses relatives aux établissements de santé. Le président de la République a promis de « mobiliser tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies quoi qu'il en coûte ».
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