Au CHU de Toulouse, depuis le déconfinement, le porche des anciennes urgences de Purpan ne désemplit pas.
Le bâtiment U-2000, qui était à l’abandon depuis l’ouverture de l’hôpital Pierre-Paul Riquet en 2014, a été transformé en drive test dès la semaine dernière. À raison d’un rendez-vous* toutes les dix minutes, le ballet des voitures y est incessant. Chaque fois qu’un véhicule se gare, s'avance un binôme chargé du prélèvement et protégé de la tête aux pieds (surblouse, surchaussons, lunettes, gants, masque).
Aujourd’hui, c’est Laure Carles, technicienne de prélèvement, qui est d’astreinte avec Dorian Loubet, interne en biologie. Laure récupère l’ordonnance, vérifie l’identité du patient et pose les questions d’usage. « Où habitez-vous ? Depuis quand ressentez-vous des symptômes, êtes-vous personnel soignant ? » Autant d'informations à recueillir pour renseigner le fameux fichier SI-DEP (service intégré de dépistage et de prévention), la base de données qui réunira tous les résultats de tests virologiques (RT-PCR), explique le Dr Marie-Pierre Felicé, praticien hospitalier responsable de la pré-analyse à l’Institut fédératif de biologie (IFB) de Purpan.
Opération bien rodée
À son tour Dorian s’approche, c’est lui qui est en charge de faire le prélèvement PCR. « J’étais déjà formé à ce geste et j’ai été volontaire dès le début de la crise, explique le jeune homme. Mais dans ce contexte anxiogène, je commence toujours par rassurer les gens qui arrivent ici très inquiets, en raison des symptômes qu’ils ressentent, et aussi parce qu’ils appréhendent le test. » Discussion comprise, l’opération très rodée, ne dure pourtant que quelques minutes ! « Le but, c’est que les gens ne descendent pas de leur voiture, l’échantillon est ensuite remis sous vide par la fenêtre aux équipes positionnées à l’intérieur du bâtiment qui doit rester une zone “propre” », décrit le Dr Felicé.
Les équipes du CHU ont aménagé une salle ventilée en permanence et équipée de box qui leur permet néanmoins de prélever aussi des patients qui viendraient à pied. Ouvert 5 jours sur 7, de 7h à 20h, le drive du CHU a reçu 66 patients dès le tout premier jour. « Un chiffre élevé auquel nous ne nous attendions pas forcément, reconnaît le Pr Jacques Izopet, à la tête du pôle biologie et qui porte ce projet. Cela va dans le sens du dépistage à grande échelle des cas incidents et des cas contacts, voulu par le ministère (700 000 tests par semaine, NDLR). D’un point de vue épidémiologique, c’est une bonne chose. ».
Avec les cas contacts, on change de braquet
Une fois réalisés, les prélèvements sont acheminés vers l’IFB. Derrière ces murs, ils empruntent un circuit spécifique avec l'objectif d'obtenir 3 000 résultats PCR par jour. « Nous venons de recevoir l’une des 20 machines de pointe achetées (à la Chine, NDLR) par le ministère de la Santé et cela va nous permettre de tripler notre capacité d’analyses », se félicite le Pr Izopet.
Une capacité qui n'était pas encore atteinte la semaine dernière, faute de tests suffisants. « Nous sommes plutôt à 500 échantillons quotidiens en ce moment, mais le fait de tester tous les cas contacts va forcément changer la donne », prévoit le spécialiste qui s’attend aussi à recevoir de grandes quantités d’échantillons grâce à un bon réseau de laboratoires. Pour accueillir cette nouvelle machine, une seconde salle a été ouverte et fonctionne 24H/24 et 7 jours sur 7.
Cet équipement de pointe permet de tester à flux tendu en traitant un grand nombre d’échantillons en même temps. Sous 24 heures, les médecins prescripteurs reçoivent les résultats de leurs patients avant que s'enclenche, en cas test positif, la recherche des cas contacts...
* Pour se faire dépister au drive du CHU, il faut prendre rendez-vous par téléphone au 05 61 77 66 66
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