Alors que l’été s’annonce très compliqué dans les services hospitaliers, les établissements pourront recruter des étudiants infirmiers ou aides-soignants, sans atteindre leur remise de diplôme en septembre. Un gain de quelques semaines pour que ces jeunes, « ayant achevé leur formation initiale en juin et juillet, puissent commencer à exercer immédiatement », avait annoncé Brigitte Bourguignon, en visite au Congrès des Urgences à Paris le 8 juin, quelques jours à peine après le lancement de la mission flash confiée au Dr Braun.
Moins d'une semaine après les annonces de la ministre de la Santé, la mesure a déjà été traduite par un arrêté publié le 14 juin au Journal officiel, qui rend possible « une autorisation provisoire d'exercice, dans les cinq jours ouvrés suivant la fin de leur formation, aux étudiants en soins infirmiers et élèves aides-soignants ».
« Considérant que la sortie de crise sanitaire nécessite aujourd'hui des besoins importants d'infirmiers et d'aides-soignants pour faire face aux fortes sollicitations du système de soins », le ministère entend permettre aux jeunes « en attente de délivrance de leur diplôme de réaliser respectivement des vacations d'infirmier ou d'aide-soignant afin de pouvoir exercer dès la fin de leur formation et ainsi intégrer les effectifs disponibles le plus rapidement possible à l'approche de la période des congés estivaux de 2022 ».
« Intégrer les effectifs le plus rapidement possible »
Une autorisation d’autant plus importante que « la pénurie actuelle de ces personnels dans les établissements de santé et médico-sociaux entraîne des difficultés d'organisation des soins et ce, particulièrement dans les services d'urgence », indique le texte en préambule.
En pratique, cette autorisation provisoire d’exercice ne pourra être délivrée qu’aux étudiants ayant effectué la totalité de leurs stages et validé leur année de formation. Soit 15 semaines de stages pour le dernier semestre d’étude infirmier et les 7 dernières semaines de stage pour les élèves aides-soignants.
Cet exercice estival ne pourra se faire qu’avec l’accord de l’étudiant et de son institut de formation, qui devra ensuite adresser au préfet la demande d’autorisation. « Le préfet arrête la liste des personnes autorisées à exercer à titre provisoire et la rend publique », précise l’arrêté.
Si les services d’urgences devraient être particulièrement demandeurs de jeunes recrues, celles-ci pourront être employées dans tous « les établissements de santé ou médicosociaux », à condition que l’équipe soignante comporte « au moins un infirmier diplômé d'État ». Quant à la rémunération ? Elle devra correspondre « au minimum à la rémunération réglementaire d'un agent titulaire du premier échelon du premier grade du corps concerné ou au salaire minimum conventionnel de l'emploi occupé », indique le texte.
Sur la base du volontariat
Alors que « 20 000 à 30 000 » étudiants infirmiers sortent de promo chaque année, selon Mathilde Padilla, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), « impossible d'estimer actuellement le nombre d’étudiants qui pourrait être concerné par la mesure », note-t-elle. Mais la présidente de la Fnesi anticipe déjà « un nombre restreint d’étudiants, car les conditions sont très strictes, soumises à plusieurs autorisations et se feront uniquement sur la base du volontariat ».
« Les étudiants en sciences infirmières doivent être protégés et encadrés et pas envoyés sur le terrain à tout prix », avait déjà alerté la Fnesi au lendemain des annonces de Brigitte Bourguignon. Mathilde Padilla invite toujours à la prudence : « cette mesure ne pourra pas répondre de manière durable à la pénurie de soignants ».
« Le recrutement d’infirmier avant le diplôme se fait déjà dans certains établissements, de manière cachée, ce qui est très problématique et correspond à un exercice illégal de la profession, cet arrêté est au moins l’occasion de protéger ces étudiants », tempère toutefois Mathilde Padilla. L’étudiante infirmière espère également que cette mesure - qui doit « rester transitoire » - n’entraîne pas « des dérives à longs termes », alors que les futurs infirmiers sont en proie un épuisement croissant.
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