Initialement menacées de fermeture durant un mois, à partir du 29 novembre, en raison d’un manque d’effectifs, les urgences de l'hôpital de Mamers (Sarthe) resteront finalement ouvertes en décembre 2021. La direction a trouvé une solution très provisoire : certains agents réaliseront des heures supplémentaires, suppléés par du personnel de la réserve sanitaire.
Cette issue temporaire n’a pas empêché trois élus du département – le député Jean-Carles Grelier, le sénateur LR Jean-Pierre Vogel et le maire LR de Mamers Frédéric Beauchef – d’adresser un courrier en forme de SOS à Olivier Véran pour lui faire part de leurs vives inquiétudes concernant la situation dramatique des services d’urgence du département, et au-delà sur les difficultés d'accès aux soins avec un hôpital « à bout de souffle ». « Nous craignons que ce ne soit reculer pour mieux sauter », redoutent-ils.
Et de rappeler que la Sarthe est confrontée de longue date à de graves difficultés sur le plan de la démographie médicale (pénurie de généralistes et de spécialistes libéraux), si bien que nombre de services d’urgence sont en surchauffe. Les urgences de l’hôpital du Bailleul ou de Saint-Calais ferment régulièrement depuis plusieurs mois.
Une visite de Véran, et après ?
C’est dans ce contexte local tendu qu’Olivier Véran avait visité l’hôpital du Mans le 16 novembre pour détailler « le plan du Segur de l’investissement » dans la région.
Mais les élus locaux souhaitent placer l'exécutif devant ses responsabilités et ne se contentent plus de promesses. Le jour de sa venue, « le ministre a affiché ses priorités pour le département et la première d’entre elles était les urgences ! », rappelle le maire de Mamers Frédéric Beauchef, soulagé au moins que les urgences de son hôpital ne ferment pas en décembre. « Car on aurait rapatrié les patients à 30 km de là (sur le site d’Alençon, Ndlr), cela aurait rajouté de l’engorgement à l’engorgement ». Le député Jean-Carles Grelier, expert des questions de démographie médicale, estime que le ministre de la Santé « était forcément informé » de la situation des urgences lors de son déplacement dans la Sarthe, « mais il s’est bien gardé de nous en parler en détail pour éviter les remous ». « Si la situation des urgences est prioritaire, que fait-il pour la changer ? ».
Le député avance une solution « simple et peu coûteuse » à ses yeux : la suspension provisoire de la spécialité d'internat de médecine d’urgence (DES) pour que tous les médecins non-urgentistes puissent venir y travailler. « Le ministre a refusé », poursuit l’élu de la Sarthe. Une proposition qui rejoint celle de l’AMUF (Association des médecins urgentistes de France), persuadée que la création de cette spécialité de médecine d'urgence se fait « au détriment d’une compétence spécifique ouverte à tous les médecins » et « a réduit le nombre de médecins formés ». « Si les médecins étaient plus polyvalents, ils pourraient passer d’un poste à l’autre au gré des besoins. Mais, aujourd’hui, ils sont enfermés dans leur spécialité », avance l’élu.
« Extrêmement vigilant » sur l'évolution de la situation locale, Jean-Carles Grelier ironise sur les engagements du gouvernement. « L’administration du ministère de la Santé, c’est un peu comme un enfant devant un pot de confiture. Dès que vous avez le dos tourné, ils recommencent. » Et de préciser que neuf hôpitaux sarthois sur dix ont fermé, sous une forme ou sous une autre, leurs services d’urgence durant l’été.
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