Son audition a démarré tambour battant ce mercredi 29 mai devant les députés de la commission des affaires sociales qui l’interrogeaient dans le cadre de la commission d’enquête sur l’hôpital public. Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la Santé de Nicolas Sarkozy, a mis en avant son âge respectable – 77 ans – pour « ne pas affronter une épreuve d’archéologie administrative », c’est-à-dire fournir aux élus de la Nation les documents qu’ils lui demandaient. Réponse acide du rapporteur Christophe Naegelen (Liot) : « L’âge n’excuse pas tout ! Vos deux prédécesseures devant cette commission – Agnès Buzyn et Marisol Touraine – ont sollicité le ministère pour les obtenir. »
Assez contente de son bilan
Une fois ce décor planté, l’ancienne ministre, calme et prenant le temps de la réflexion, s’est employée à ce que le bilan de sa politique hospitalière ne soit pas réduit à la fameuse… loi Hôpital Patients Santé et Territoires (HPST, juillet 2009), qui avait braqué une bonne partie de la profession.
Elle a aussi, explique-t-elle, « géré » l’affaire des surirradiés de l’hôpital d’Épinal en procédant à la mise en place de l’indemnisation des victimes et à la rénovation de la formation des manipulateurs en radiologie notamment. La pharmacienne de profession a également « purgé » les 23 millions d’heures du compte épargne temps (CET) de l’hôpital en « débloquant un crédit exceptionnel de 700 millions d’euros ». L’ancienne ministre a égrené ensuite une liste de plans dont elle était « à l’initiative » (Alzheimer, AVC, soins palliatifs, etc). Elle est enfin (surtout) à l’initiative du plan Hôpital 2012 , financé à hauteur de « 10 milliards d’euros ».
Des ARS « injustement attaquées » pendant la crise
Sur la loi HPST, dite loi Bachelot, qui a donné lieu à un travail « consensuel » de deux années mené notamment par Gérard Larcher, alors président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Roselyne Bachelot a défendu le rôle des toutes jeunes agences régionales de santé (ARS) qui ont été, selon elle, « injustement attaquées » pendant la crise sanitaire. « Aucun parti politique ne s’est opposé alors à leur création », justifie-t-elle. Certains politiques locaux auraient même aimé mettre la main sur ces tutelles régionales, a confié la ministre, pas en reste pour créer une nouvelle polémique.
Roselyne Bachelot a défendu aussi la tarification à l’activité (T2A) – dont elle pourtant n’est « pas la maman » – qui n’est « pas une recherche de la rentabilité ». Mais, admet-elle, ce modèle de tarification exige un fin pilotage car il permet « un droit de tirage illimité des soignés vis-à-vis du système ». La ministre loue ses propres efforts pour améliorer le dispositif en créant une « V11 » de la T2A pour prendre en compte la précarité des malades et la gravité des soins à l’hôpital.
Comment surmonter dans notre société hédoniste le contact effarant et glaçant de la souffrance et de la mort ?
Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la Santé, qui évoque l’attractivité dans la santé
Sur la gouvernance hospitalière, « l’attelage directeur d’hôpital en binôme avec le président de la commission médicale d’établissement » a, selon elle, bien fonctionné. La ministre justifie également la suppression de 50 000 lits et préfère souligner la nécessité d’une formation satisfaisante des personnels soignants. Ces métiers difficiles, explique-t-elle, manquent toujours d’attractivité. « Le fait de surmonter dans une société hédoniste le contact effarant et glaçant de la souffrance et de la mort » reste un immense défi, constate-t-elle.
Elle se défend aussi en mentionnant un de ses prédécesseurs… communistes, Jack Ralite, qui avait pointé dans les années 80 le surplus de lits hospitaliers. Elle invoque aussi l’essor de l’ambulatoire, même si ce virage « n’a pas été un succès ».
Côté libéral, droite dans ses bottes, elle concède son « échec » à vouloir installer un conventionnement sélectif. Alors qu’elle faisait face à une bronca libérale, elle avoue son exfiltration vers le ministère des Solidarités à la suite de la grève des internes ayant refusé toute coercition à l’installation.
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique