Les établissements de santé privés pourraient prendre en charge deux fois plus de passages aux urgences… À condition que les pouvoirs publics leur en donnent les moyens. C'est en substance le message qu'a délivré Lamine Gharbi, président de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) ce jeudi 12 septembre à l'occasion d'une conférence de presse de rentrée.
Le patron des cliniques, qui se veut « constructif » plutôt que « revendicatif », dit « soutenir l'action de la ministre » de la Santé et salue dans l'ensemble les mesures annoncées cette semaine pour les urgences. Seule mise en garde, « cet engagement financier ne doit pas puiser dans le budget d'autres acteurs de santé », prévient le président de la FHP. Il demande, pour financer les annonces, une hausse supplémentaire de l'ONDAM 2020 à hauteur de 0,1 %.
Mais ce qu'il faut surtout retenir du message de la FHP, c'est qu'ils sont « prêts à participer au plan de la ministre ». Avec 121 services d'urgences sur tout le territoire, le secteur privé assure couvrir environ deux millions de passages par an sur un total de 21,4 millions. Les urgences privées comme publiques sont sans dépassements d'honoraire. Lamine Gharbi aimerait en faire deux fois plus afin de décharger d'autant les urgences publiques en grande souffrance.
« Nos services ne sont pas en tension et nous avons passé un été normal », assure le représentant des cliniques qui estime entre 30 et 40 le nombre de patients supplémentaires par jour que pourrait prendre en charge chacune de ses structures. Mais pour ce faire, il veut « être aidé » par les pouvoirs publics. Il demande aux agences régionales de santé (ARS), chargées de délivrer les autorisations, de permettre « l'ouverture d'un ou deux services d'urgences privés, minimum, par département ». Selon les chiffres de la FHP, 42 départements français sont aujourd'hui dépourvus de services d'urgences privés.
Pour Lamine Gharbi, les ARS refusent trop souvent d'accorder cette autorisation au secteur privé, à tel point qu'il existe actuellement 50 services « sans reconnaissance officielle ». Le Montpelliérain fait référence aux centres de soins non programmés privés, qui ne nécessitent pas d'autorisation des tutelles sanitaires. Le précieux sésame leur offrirait non seulement une nouvelle « visibilité » mais surtout la possibilité d'ouvrir sur les heures de permanence des soins ambulatoires et l'autorisation de pratiquer le tiers payant et ainsi de se placer à armes égales avec leurs équivalents publics.
Lisibilité des tarifs sur trois ans
Outre la crise des urgences, l'actualité du mois de septembre va aussi être marquée par la présentation du nouveau projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), présenté en commission des comptes le 26 septembre. Cette année, Lamine Gharbi, en « coopération avec les autres fédérations hospitalières », va demander « la mise en place dans le PLFSS d'un mécanisme de régulation pluriannuelle des financements hospitaliers ». Le patron de la FHP veut avoir une « lisibilité » des tarifs sur trois ans et ne plus passer « dix mois de l'année à ne parler que d'une seule chose : la campagne tarifaire ». Celle-ci portera un amendement lors des discussions du PLFSS au Parlement pour proposer la mise en place d'une « charte » d'engagement signée avec le ministère de la Santé.
Pour garantir une augmentation des tarifs, la FHP propose la création d'un indice de calcul basé sur l'inflation. « Nous voulons, toutes fédérations confondues, une augmentation des tarifs sanctuarisée via un pourcentage de l'inflation », a déclaré Lamine Gharbi. Enfin, la FHP demande la suppression de la taxe sur les salaires pour les établissements de santé. « Les montants dégagés permettraient d'augmenter les rémunérations des personnels et de renforcer l'investissement », assure la fédération.
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