Il y a un an, Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la fonction publiques, annonçait la prime « pouvoir d’achat » d’un montant de 300 à 800 euros. Actée par un décret publié en juillet 2023, elle était initialement destinée aux agents de la fonction publique hospitalière percevant un salaire annuel inférieur à 39 000 euros. Après une série de discussions avec les syndicats représentatifs des internes, son champ d’application a été élargi aux jeunes. Mais pas à tous. Des trous dans la raquette persistent et plusieurs praticiens se sentent lésés.
Syndicat de praticiens hospitaliers, le Snphare a fait ses comptes. Parmi les oubliés de la prime figurent les assistants et chefs de cliniques du 1er et 2e échelons, les praticiens associés au 1er échelon et les MCU-PH, également aux deux premiers échelons.
Les salaires inférieurs à 39 000 euros brut concernent beaucoup de monde
Dr Mathieu Brière, Snphare
Le Dr Mathieu Brière, membre du conseil d’administration du Snphare, le confirme : « Les salaires inférieurs à 39 000 euros brut concernent beaucoup de monde. »
Pour le Dr Brière, le choix d’ouvrir la prime uniquement aux internes alors que d’autres médecins sont éligibles résulte d’« une instruction faite trop rapidement et un manque de connaissances du sujet par les personnes qui ont rédigé le décret ». Des propos corroborés par Guillaume Bailly, président de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni), qui estime que les auteurs de l’instruction (en l’occurrence la DGOS, qui dépend du ministère de la Santé) ouvrant la prime aux internes « ne savaient pas si [ces derniers] étaient assimilés à des agents de la fonction publique ou à des médecins ».
La promotion 2023 délaissée par le décret
L’Isni regrette aussi que la mesure ne concerne que certains internes (ceux en poste avant le 30 juin 2023) et ne prenne donc pas en considération la promotion 2023. « Nous avons prévenu le ministère du risque de laisser de côté une partie des internes. Ils ont dû oublier ou fermer les yeux », se désole Guillaume Bailly.
Si le Snphare demande « une équité de traitement entre tous les praticiens dont le salaire est souvent proche de celui d’un interne », le Dr Brière reste lucide sur les chances d’obtenir satisfaction. « Dans le contexte politique actuel, personne ne sait ce qu’il va se passer. Nous commençons à être habitués à la valse des ministres. »
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