« Nous avons assisté à une dégradation des prises en charge des patients, des organisations et des conditions d’exercice au cours de ce dernier quinquennat », affirment une soixantaine de praticiens majoritairement hospitaliers – généralistes, psychiatres, anesthésistes, chirurgiens, ORL, urgentistes, etc. – signataires d’une tribune appelant à soutenir Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle, « barrage le plus efficace » à leurs yeux contre l’« effondrement organisé » de notre système de santé.
Exerçant dans des hôpitaux de proximité ou des CHU, ils accusent pêle-mêle l’exécutif d’avoir « réduit les budgets de la recherche et des agences sanitaires », « contraint le rôle des médecins libéraux » mais surtout « continué à supprimer des postes de travail et à fermer des lits » pendant la crise sanitaire. Sur la seule année 2020, 5 700 lits ont été fermés, selon la Drees, service statistique du ministère.
« À coups de plans blancs »
Les praticiens signataires estiment que la fuite des personnels a été « méthodiquement orchestrée », « à grands coups de plans blancs, de passe sanitaire puis de passe vaccinal », et autres mesures d’urgence « aussi inutiles que coûteuses portant atteinte aux libertés démocratiques ».
Aux yeux de ces soignants, Emmanuel Macron a poursuivi une politique « préparée de longue date » par la création du numerus clausus, la tarification à l’activité (T2A), le plan Juppé, les enveloppes fermées dans le cadre de l’objectif national de dépenses d'assurance-maladie (Ondam) ou encore la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires) de 2009. En 20 ans, résument les signataires, cette politique a conduit à la « fermeture de plus de 100 000 lits », « d’établissements entiers ». « De 717 maternités publiques en 2000, nous sommes passés à 486 en 2017 », se désole la tribune.
Renverser le cours des choses
Dans ce contexte, les signataires jugent que le candidat de l'Union populaire est à ce jour « le plus à même de nous aider à renverser le cours des choses » en « rompant avec la politique de destruction du service public hospitalier et de la Sécurité sociale ». Ils constatent en particulier que Jean-Luc Mélenchon s’est engagé à ne pas appliquer les directives européennes, contraires à son programme.
À l’origine de cet appel, le Dr Cyrille Venet, chef de service de réanimation du CHU de Grenoble, persiste et signe. D’après le secrétaire général du Syndicat national des médecins hospitaliers Force ouvrière (SNMH-FO), c’est justement au nom de l’application des directives européennes – incluant principe de libre concurrence et impératifs en matière de déficits et de dette – que « des lois comme les ordonnances Juppé de 1996 ou HPST » ont conduit le système de protection sociale et le service public hospitalier à la « destruction ».
Pour illustrer son propos, le médecin explique que la directrice du CHU de Grenoble lui avait donné en 2015 une fin de non-recevoir lorsqu'il demandait un renfort infirmier. « Les hôpitaux ont un milliard d’euros de déficit », aurait-elle répondu, preuve du carcan que devaient respecter « tous les directeurs d’hôpitaux à l’époque », selon le Dr Venet. Or, au mois de décembre 2021, lors du déferlement du variant Omicron, « le gouvernement a dépensé ce milliard en un mois en remboursant des tests non prescrits par des médecins », constate le médecin grenoblois. « Inutiles à ce moment-là de l’épidémie », ces dépenses ont fini « directement dans la poche des laboratoires ».
Au-delà des positions de Jean-Luc Mélenchon sur l’Europe, le Dr Venet salue plusieurs propositions du candidat de La France insoumise dont la retraite à 60 ans « qui concerne les hôpitaux », la suppression de la T2A, la réintégration des personnels suspendus durant la crise, et « l’augmentation du point d’indice ».
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