« J'ai confiné ma patiente, centenaire, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle », un médecin raconte

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Publié le 09/01/2021

Crédit photo : DR

Mais qu'est-ce qui a fait marcher Simone Hivert, centenaire, jusqu'à Saint-Jacques de Compostelle ? « La confiance envers mon médecin », aime à répéter Simone Hivert. En octobre dernier, et en compagnie du Dr Jean-Louis Barret, la centenaire sportive a terminé son pèlerinage qu'elle avait entrepris il y a quelques années.  

Quand le Dr Jean-Louis Barret, généraliste à Mansle, en Charente, a encouragé sa patiente à effectuer ensemble l'étape finale du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, Simone Hivert n'avait « que » 90 ans. C'était il y a dix ans. 
Tous deux sont de bons marcheurs. « On se connaît et on s'apprécie depuis trente-huit ans », disent-ils chacun de leur côté. « Certain des capacités physiques et psychologique de sa patiente », le médecin de 66 ans était confiant. L'ancienne agricultrice et grand-mère de médecin, bonne marcheuse, a commencé à participer à des randonnées à l'âge de 78 ans. Inscrite dans pas moins de deux clubs de rando – Falm et Croq'sentiers –, elle a sillonné la France et ses régions, et notamment les chemins charentais balisés de la célèbre coquille. Après nombre d'étapes, il ne lui manquait plus qu'à effectuer l'ultime, l'aboutissement...

« C'est une prescription suffisante »

Aux premiers jours de 2020, comme pour fêter son son centenaire (8 mars), la patiente du Dr Barret s'est sentie prête et décidée à parcourir à pied les derniers kilomètres du pèlerinage qu'elle avait commencé en 2001. « Ce qui peut lui arriver de mieux est de finir son chemin de Compostelle comme elle le désire. Elle en a la santé, la volonté et le désir. C'est une prescription suffisante », avait indiqué le généraliste. L'étape était programmée en mars mais l'épidémie de coronavirus en a décidé autrement. « Optimiste, confiante », elle a attendu la fin du confinement, suivi les mesures sanitaires et marché quotidiennement jusqu'à ce jour d'octobre...

Avec la bénédiction de l'évêque d'Angoulême et du curé de son village, Simone Hivert est partie pour l'Espagne, à O Pedrouzo, en Galice, pour effectuer les 21 kilomètres qui lui restait à parcourir jusqu'à Saint-Jacques de Compostelle. Par chance, le jour du départ était fixé au 28 octobre, veille du deuxième confinement national annoncé par le président de la République, Emmanuel Macron. « Comme prévu, la patiente du Dr Barret a parcouru ce chemin avec son aisance habituelle. » Et plutôt bien accompagnée... de son fidèle médecin et d'amis ambulanciers randonneurs...

Une activité physique encouragée

« Elle a parcouru ce chemin avec son aisance habituelle, souriant à tout le groupe. Parlant de choses agréables, de l'avenir », se souvient le généraliste. « Et l'arrivée fut émouvante pour elle comme pour moi. » Simone Hivert se rappelle la marche et les rencontres, les paysages, les côtes « même pas remarquées », l'arrivée, puis la vue sur l'impressionnante cathédrale : « Cela me fera de beaux souvenirs. » 

Simone Hivert
DR

Selon le Dr Barret, aussi médecin coordonnateur dans un EHPAD, « on montre souvent la vieillesse comme un naufrage, ce qui n'est pas vrai. Il est important d'avoir des projets (...)  Dans cette époque si particulière, il est préférable de confiner une centenaire sur le chemin de Saint-Jacques que dans une chambre isolée de tous ». « Depuis notre retour, beaucoup de mes patients - que j'encourage à avoir une activité physique - me parlent avec envie de ce pèlerinage. »

Et à bientôt 101 ans, Simone Hivert continue sa marche plaisir quotidienne...

Pascal Thomeret

Source : lequotidiendumedecin.fr