Le CHU de Caen, en délicate posture financière, vient de prendre une décision pour le moins inhabituelle. Le salaire du personnel sera payé en temps et en heure, mais les fournisseurs, eux, devront patienter avant d’être réglés. Le versement des cotisations patronales est également suspendu.
Dans un mail adressé aux agents et aux médecins, Angel Piquemal, le directeur général du CHU, explique pourquoi l’heure est grave. Le déficit cumulé du CHU atteint 119 millions d’euros. Une ardoise reconduite d’année en année, malgré les efforts engagés (baisse des effectifs, réorganisations...) qui ont permis de diviser par quatre le déficit annuel entre 2009 et 2011. « Le CHU a systématiquement dépensé davantage que les recettes qu’il a perçues », expose sans détours le DG.
Interdiction des banques
Vivant au-dessus de ses moyens, l’hôpital s’est maintenu hors de l’eau de façon artificielle, grâce à deux autorisations de découvert. Sauf que les banques viennent de siffler la fin de la récré. Aucun nouvel emprunt ne sera consenti sans nouvelles garanties d’assainissement des comptes. Une date couperet se profile : les autorisations de découvert, non reconduites, arrivent à échéance les 3 et 12 octobre. Dans trois semaines, le CHU de Basse-Normandie ne sera plus en mesure d’assumer ses charges d’exploitation.
L’hôpital caennais est déterminé à mettre les bouchées doubles pour doper son activité, faiblarde comparée à celle des autres CHU. Mais l’heure n’est pas aux plans de moyen ou long terme. Comment débloquer la situation avant le 3 octobre ? Le dossier est suivi de près par Paris. Les tutelles vont-elles voler au secours de l’établissement ? À l’aide d’un apurement partiel de la dette, d’une pression sur les banques ? C’est tout l’enjeu des discrètes discussions qui se déroulent actuellement entre le CHU de Caen, l’ARS de Basse-Normandie et le ministère de la Santé.
Les syndicats de personnel du CHU préviennent : ils attendent un signal fort de la gauche en direction de l’hôpital public. Une absence d’intervention politique serait perçue comme un renoncement face au pouvoir de la finance.
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