Les chercheurs en sciences humaines et sociales rivalisent d’inventivité et de savoir-faire pour rendre leurs réalisations toujours plus proches des attentes des particuliers mais aussi des décideurs politiques et économiques.
Pour sa troisième édition à Marseille, le salon Innovatives SHS, organisé par l’Institut des sciences humaines et sociales du CNRS, a accueilli 70 équipes de chercheurs, dont une vingtaine de l’étranger, autour de la thématique de la santé. Bon nombre d’entre eux sont venus montrer comment ce monde de la recherche peut aider à améliorer la santé, en proposant des outils très innovants pour, par exemple la réduction de drogues, l’annonce de maladies graves ou la prévention du suicide en population générale.
Soutenir les personnes en détresse
Le projet baptisé Printemps (Programme de recherche interventionnelle et évaluative mené pour la prévention du suicide) est piloté par une équipe affiliée au laboratoire, ECEVE (Epidémiologie clinique et évaluation économique appliquées aux populations vulnérables, Paris) et l’unité de recherche clinique en économie de la santé de l’AP-HP. Il veut déterminer avec toute la rigueur qui s’impose, quel peut être l’impact d’une application smartphone sur la prévention du suicide, s’il favorise la diminution d’actes suicidaires, le recours aux soins ou l’aide de proximité, etc. « Nous sommes partis de constats chiffrés : 11000 décès et 200 000 tentatives de suicide par an. Et des méthodes de prévention, toujours insuffisantes, explique Karine Chevreul, professeure de santé publique et qui co-dirige l’unité de recherche ECEVE. Nous voulions voir ce que pouvait apporter la e -santé dans ce contexte, avec une application accessible à tout le monde et qui respecte l’intimité. » Cette application mobile et le site internet, baptisés Stopblues, ont été conçus en collaboration avec des psychiatres et des associations. « Comme ces personnes sont souvent dans le déni et isolées », Stopblues informe sur la souffrance psychique, le bénéfice du recours à une aide et les aides disponibles dans un environnement proche. Au moyen de courtes vidéos et autre témoignages. Il offre des solutions concrètes à l’utilisateur en détresse.
Avec les collectivités et les généralistes
« Il y a aussi une partie privée, poursuit Karine Chevreul, avec des tests d’autoévaluation qui peut indiquer à la personne où elle en est et lui proposer un programme personnalisé, des ressources locales (avec un système de géolocalisation) et un bouton d’urgence. La dernière partie concerne un suivi de l’humeur avec quelques trucs et astuces, et des exercices de psychologie positive. » Pour promouvoir ce prototype, le projet Printemps va lancer une expérimentation à l’automne prochain, dans une trentaine de villes françaises, qui doivent mettre leurs canaux de communication, affichage, journal municipal etc., à disposition pour sensibiliser la population. « Dans le même temps nous allons travailler avec les médecins généralistes en mettant des affiches dans leurs salles d’attente. Nous souhaitons voir si Stopblues sert à quelque chose ou pas. Car l’objectif, c’est bien que les personnes en souffrance psychique qui ne consultent pas, consultent et trouvent une prise en charge adaptée », conclut la spécialiste de santé publique. Il faudra bien, à la suite de cette longue étude, pouvoir rendre l’action pérenne.
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