C’est assez rare pour le souligner. Médecins et paramédicaux des urgences du CHU de Rennes ont déposé mardi un préavis de grève solidaire à compter du 28 juin, à l’appel de la CGT et du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (Snphare). L’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) a rejoint le mouvement.
Le Snphare demande l’ouverture de négociations avec la direction du CHU, autour de plusieurs revendications. La priorité est le rééquilibrage des effectifs médicaux et non médicaux selon les recommandations en vigueur : création d’un poste médical 5 jours sur 7, de deux postes pérennes d'IOA (infirmier organisateur de l'accueil), de deux postes pérennes infirmiers SAUV 24h/24 (salle d'accueil des urgences vitales) ou encore un effectif accru d’infirmiers ayant les compétences Smur et SAUV… Autre requête, une évolution de la gouvernance hospitalière dont l'accord de la chefferie de service en cas de modification de l'organisation interne. Le syndicat exige aussi la valorisation du temps de travail.
Mise sous tutelle ?
Contacté par « Le Quotidien », le Dr Étienne Paulhet, urgentiste au SAU et au Samu 35, précise qu’une trentaine de médecins ont décidé de rejoindre le mouvement de grève à la suite de « la mise sous tutelle managériale de notre chef de service », le Pr Louis Soulat, il y a deux semaines. Selon lui, c’est un médecin non urgentiste – l’ex-chef de service – qui serait en charge de cet « accompagnement » managérial. Une décision refusée par les médecins concernés qui exigent la levée de cette surveillance. D’autant plus que le Pr Soulat, en conflit avec la direction pour avoir « fait part de nos revendications » « est un énorme bosseur qui a fait énormément pour le service », précise le Dr Paulhet.
L’urgentiste ajoute que des praticiens ont décidé de débrayer eux aussi « pour soutenir les paramédicaux et les assistants de régulation médicale qui sont plus en souffrance que nous ». Les premiers sont en grève depuis novembre, tandis que les ARM ont adressé à la direction un droit d’alerte il y a deux semaines. Quant aux ambulanciers, ils ont rejoint le mouvement en décembre.
Les conditions de travail se sont dégradées ces derniers mois, avec « 10 000 passages supplémentaires depuis un an (60 000 passages par an en temps normal, NDLR), voire 20 000 passages supplémentaires si l’on suit la courbe de ces trois derniers mois », observe le Dr Paulhet. Comme ses collègues, il demande que le nombre de médecins et d’infirmiers aux urgences soit « adapté » au nombre d’entrées quotidiennes.
Blocage
À ce stade, la direction aurait avancé qu’elle ne parvenait pas à recruter. Mais quand les médecins lui demandent d’ouvrir des postes, « elle refuse, donc on pense aussi qu’il y a un aspect financier qui bloque », analyse le Dr Paulhet.
Pourtant, le temps presse dans un territoire où les urgences de plusieurs établissements ferment ou s'apprêtent à fonctionner en mode dégradé. La clinique de Saint-Grégoire a fermé une semaine en juin, faute de médecins, une situation qui pourrait se reproduire. Déjà fermées la nuit depuis fin 2020, les urgences de Vitré tournent ponctuellement en mode dégradé. Les urgences de Fougères et de Redon sont elles aussi très fragilisées.
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