C’est un service d’urgence en pleine expansion. « Nous avons le niveau de fréquentation le plus élevé en Europe. Chaque année, on augmente de 5 à 10 % le nombre de nos patients. En 2010, il y avait 30 000 passages par an, puis 50 000 en 2014. Et, en 2017, on devrait être à environ 60 000 passages », explique le Dr Eric Tuil, chef du service des urgences de l’hôpital de Quinze-Vingts à Paris.
Ce service est organisé, au niveau de l’accueil, comme un service classique d’urgence médicale. « Nous avons un infirmier d’accueil et d’orientation qui reçoit les patients et qui, à partir de certains symptômes clefs, priorisent les situations. Tous les problèmes graves sont vus rapidement, ainsi que les enfants. Les patients non urgents peuvent attendre plusieurs heures », explique le Dr Tuil.
Selon lui, environ 30 à 40 % des malades pris en charge dans le service ont une pathologie relevant réellement de l’urgence. « Le reste, c’est surtout de la bobologie. Mais on voit tout le monde, pour ne pas risquer de passer à côté de quelque chose de sérieux. Au quotidien, nous recevons vraiment de tout : de la traumatologie (corps étrangers, plaies et contusions du globe, accidents domestiques…), des inflammations (uvéite…), des infections postopératoires (cataracte, glaucome)… On reçoit aussi des pathologies de type neurovasculaire à point de départ ophtalmologique (diplopie, paralysie oculomotrice) qu’on oriente souvent vers un autre service spécialisé, à la Fondation Rothschild », détaille le Dr Tuil, en ajoutant que, globalement, trois symptômes simples doivent faire évoquer immédiatement une urgence possible : un œil rouge, douloureux et une baisse brutale de vision. Un grand nombre de patients viennent d’eux-mêmes aux urgences de Quinze-Vingts. « Mais nous avons aussi des patients adressés par des confrères, ophtalmologistes ou non, qui connaissent certaines de nos spécificités. Le fait, par exemple, que nous ayons la seule unité en France dédiée à l’infection oculaire, coordonnée par le Pr Borderie. Nous avons mis en place une unité "SOS rétine", 24 heures sur 24, dédiée à la chirurgie du décollement de la rétine », indique le Dr Tuil.
« Pour gérer l’aval des patients (c’est-à-dire les faire sortir des urgences), nous avons créé des protocoles pour chaque pathologie et ainsi pouvoir réorienter les patients vers un spécialiste (chirurgie, glaucome, vasculaire, inflammatoire, médecine interne…) », précise-t-il.
Entretien avec le Dr Eric Tuil, chef du service des urgences à l’hôpital du CHNO des quinze-vingts à Paris. Auteur d’« Ophtalmologie en urgence » (Elsevier-Masson), dont une 4 e édition paraîtra en mai 2018.
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