SOURCES d’inspiration pour la Chine, le Maroc ou encore le Brésil, les services d’aide médicale urgente (SAMU) hexagonaux n’en restent pas moins perfectibles. Leur talon d’Achille est de nature informatique : les cent SAMU utilisent une dizaine de logiciels différents, dont la moitié, « bricolés maison », sont voués à « évoluer ou disparaître », selon les mots du Dr Marc Giroud, président de SAMU de France.
La menace d’une pandémie grippale a servi de point de départ à la réflexion. Avril 2009, les cas de grippe A abondent au Mexique. Les Français, inquiets, appellent les centres 15, qui craignent d’être vite débordés. Faut-il prescrire du Tamiflu, hospitaliser telle personne à risque ? Les consignes changent chaque jour, et les régulateurs y perdent leur latin. En juin, décision est prise de créer un système national d’aide à la décision, sécurisé, actualisé en temps réel, et simple d’utilisation (des cases à cocher : âge, symptômes, facteurs de risque, etc.). Deux millions d’euros sont mis sur la table. Il s’agit, pour la première fois, de proposer un outil commun à tous les SAMU. Le logiciel, testé durant l’été, a été livré fin septembre. Faute de réelle pandémie, il n’aura pas dépassé le stade expérimental. « Mais il peut être réactivé s’il y a une grippe demain, et reparamétré pour une autre maladie », observe Marc Giroud.
Pas de pilotage national.
Le projet a souligné « mille faiblesses », poursuit le président de SAMU de France, notamment des problèmes de flux Internet au niveau de certains hôpitaux, et l’absence de pilotage national des différents SAMU. Un nouveau chantier s’ouvre : la création d’un système d’information commun aux SAMU et aux urgences. L’ASIP santé* supervise la réflexion. 2010 est l’année de la conception, et 2011 sera celle du lancement. Autre évolution attendue dans les six prochains mois, et qui suppose là encore un progrès technique, la remontée systématique des appels traités par les centres 15 à l’Institut de veille sanitaire (InVS). « Aujourd’hui, on nous passe des coups de fil, des sondages sont faits, mais la seule information disponible au plan national est l’évolution du nombre d’appels, constate le Dr Giroud. L’objectif de ce futur tableau de bord est de faciliter le suivi national des appels et le repérage de maladies émergentes ».
La régulation médicale fait aussi l’objet d’une attention particulière : la Haute autorité de santé (HAS) a confié au Dr Giroud un groupe de travail sur le sujet, qui proposera des recommandations de bonnes pratiques fin 2010.
Également d’actualité, la question de l’organisation territoriale des SAMU. La réflexion menée par les Agences régionales de santé (ARS) sert d’aiguillon. SAMU de France préfère anticiper et proposer ses propres solutions, comme la mutualisation des équipes de régulation la nuit dans les départements de moins de 300 000 habitants. « La sécurité nocturne est un point faible des SAMU », justifie Marc Giroud. « Il ne s’agit pas de réduire l’offre », prend soin de préciser le syndicaliste. Il espère que la ministre de la Santé, lorsqu’elle inaugurera le congrès urgences 2010 ce matin, annoncera la sanctuarisation des crédits accordés aux SAMU. Les SAMU et les centres 15 (171 millions d’euros par an) sont à 100 % financés par l’enveloppe MIGAC (missions d’intérêt général), menacée de diminution.
* ASIP santé : Agence des systèmes d’information partagés de santé
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