La tension n'est pas retombée et Agnès Buzyn pourrait avoir manqué sa cible, lundi 9 septembre, en dévoilant son « pacte de refondation des urgences ».
En égrenant 12 mesures – dont plusieurs ont été recyclées – pour 754 millions d'euros fléchés vers les urgences (ci-dessous), la ministre de la Santé pensait désamorcer le mouvement social qui secoue le secteur depuis six mois. Il faudra encore attendre.
Mardi, le collectif inter-urgences a voté la poursuite du mouvement – 250 services étaient alors en grève. Fumigènes agités et sac plastique sur la tête pour dénoncer « l’asphyxie » de leurs services, les paramédicaux se sont encore mobilisés partout en France. À Saint-Denis, 250 d'entre eux ont exprimé leur déception à l’assemblée générale du collectif. Aucune de leurs trois revendications principales n’a été satisfaite : 300 euros d’augmentation nette par mois, arrêt des fermetures de lits et recrutements à la hauteur des besoins dans chaque service.
Au même moment, la crise des urgences prenait un tour politique à l’Assemblée nationale où Agnès Buzyn défendait son plan face aux coups de boutoir de l’opposition. « Sur les 750 millions d’euros, 80 % serviront à recruter des ressources humaines là où elles sont nécessaires pour assurer une meilleure gestion des lits, pour renforcer les services d’urgences là où il y en a besoin, pour créer éventuellement de nouvelles unités de post-urgences », a plaidé la ministre. Et d’insister : « à aucun moment il n’y a une disposition qui viserait à empêcher la réouverture de lits ».
Pas à la hauteur
L’exécutif a pourtant pris soin de regarder le problème sous toutes ses coutures – de l’amont à l’aval en passant par l’organisation interne aux hôpitaux. Ségur attend désormais le concours de toutes les parties prenantes comme l’indique le sous-titre du pacte : « parce que chacun détient sa part de solution ». Et le calendrier d'application des mesures s'étale sur plusieurs mois.
Reste que les dispositions annoncées sont jugées trop floues, notamment pour les médecins libéraux, appelés en renfort. « La CSMF regrette que les annonces du jour ne soient pas plus précises, et que l’essentiel des moyens soit orienté vers les structures hospitalières », sermonne le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la « Conf ». La question de la valorisation de la prise en charge des soins non programmés devient cruciale.
Côté hospitalier, le compte n’y est pas. Plusieurs syndicats de praticiens étaient représentés à Saint-Denis en soutien au mouvement. « Les annonces d’hier n’ont absolument pas répondu à nos attentes », s’est insurgé le Dr Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF).
Signe annonciateur d’une grève des PH ? « Je vais militer pour », assure le Dr Renaud Péquignot, vice-président d’Action praticiens hôpital (APH) qui doit tenir, comme l’AMUF, son conseil d’administration ce jeudi. Seul le Syndicat national des médecins hospitaliers-FO (SNMH-FO), par la voix de son secrétaire général, le Dr Olivier Varnet, se dit « favorable à la grève des médecins et solidaire à 100 % des revendications du collectif ».
Avec ou sans les médecins, l’inter-urgences veut étendre le mouvement au reste de l’hôpital. Car c'est la petite musique qui enfle : tout l'hôpital est touché par le malaise. Une journée de mobilisation nationale est prévue le 26 septembre. « Nous appelons l’ensemble des services hospitaliers à se mobiliser sur tout le territoire », a lancé Christophe Le Tallec, vice-président du collectif, en clôture de l’assemblée générale.
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