LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN : Votre proposition de loi vise à réguler l’installation des médecins. Pourquoi portez-vous cette mesure ?
GUILLAUME GAROT : L’enjeu est de répondre à la crise de l’accès aux soins, donc à la désertification médicale, avec des solutions efficaces à court, moyen et long termes. Nous venons ajouter des dispositions nouvelles, en particulier la régulation de l’installation sur un modèle qui a été accepté et mis en œuvre, sans heurts, par les chirurgiens-dentistes depuis le 1er janvier. Cette logique de régulation appliquée aux médecins généralistes et spécialistes n’est en rien une logique d’affectation, ça n’a rien à voir avec un système de coercition qui obligerait à s’installer là ou là. Le texte dit simplement : « N’allez plus vous installer dans une zone où il y a déjà assez de vos collègues. » C’est une mesure de justice sociale très attendue par les patients. Notre santé ne peut pas dépendre de notre code postal. Quand la République n’est plus capable de garantir l’accès aux soins, c’est un pilier qui est attaqué.
Quand on regarde les zonages des agences régionales de santé, il ne reste plus beaucoup de zones surdotées. N’est-ce pas plutôt un problème de manque de médecins ?
Il faudra certainement que l’État puisse revoir les indicateurs de densité médicale en y agrégeant des données sur l’état de santé de la population, afin d’avoir un zonage plus fidèle aux réalités sanitaires, sociales… partout en France. La mesure de régulation n’en sera que plus efficace. Cela pourrait passer par un amendement. Depuis dix ans, les inégalités de la présence médicale se sont aggravées entre les territoires et entre les Français. L’esprit de la régulation est aussi d’accompagner les nouvelles formes d’exercice, comme les centres de santé.
Entendez-vous l’inquiétude des médecins pour l’attractivité de leur profession ?
Des milliers de jeunes souhaitent devenir médecins et sont recalés à la fin de la première année. Il n’y a pas de crise des vocations. Une audition des organisations des syndicats de médecins a été très utile. Même si nous avons des désaccords, le dialogue est là et nous avons des points de convergence, comme la reconnaissance du médecin traitant comme pivot de notre système de santé. Nous aurons une nouvelle réunion d’échange avant le passage en séance publique. Je souhaite que les uns et les autres puissent s’exprimer. Nous recevrons également les organisations des étudiants en médecine, des internes, des représentants des usagers, de l’Ordre des médecins…
Vous mentionnez le rôle pivot du médecin traitant mais vous voulez supprimer la majoration des tarifs pour les patients qui n’en ont pas. N’est-ce pas antinomique ?
Non, cette majoration pour les patients n’arrivant pas à trouver de médecin traitant, c’est un peu la double peine. Je crois vraiment dans l’attachement des Français. Dans mon département (la Mayenne, NDLR), avoir un médecin traitant, les gens ne demandent que ça.
Vous voulez également le retour de l’obligation des gardes, alors que les études du Cnom montrent que seules quelques zones blanches subsistent. Pourquoi cette mesure ?
Pour que la permanence des soins soit bien acceptée, il faut qu’elle concerne l’ensemble des praticiens et qu’elle soit le mieux répartie possible. C’est l’idée de mieux répartir la charge sur l’ensemble des praticiens. Si chacun prend sa part, alors le dispositif perdurera.
Propos recueillis par A. D.
Guillaume Garot, député socialiste de la Mayenne : « Notre santé ne peut pas dépendre de notre code postal »
« L’accès au secteur 2 pour tous, meilleur moyen de préserver la convention », juge la nouvelle présidente de Jeunes Médecins
Jeu concours
Internes et jeunes généralistes, gagnez votre place pour le congrès CMGF 2025 et un abonnement au Quotidien !
« Non à une réforme bâclée » : grève des internes le 29 janvier contre la 4e année de médecine générale
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre