Si les divers candidats à la présidentielle ne semblent pas toujours prêts à mettre la santé en avant dans leur programme, contrairement aux attentes des Français, les représentants des professions médicales le font pour eux.
Ordre des médecins, syndicats, association étudiante, tous mettent en avant des séries de propositions qui sont souvent assez différentes de celles portées par les candidats. C’est le cas notamment de l’intersyndicale nationale des internes de médecine générale (Isnar-IMG) qui a publié un document de 55 propositions dans le cadre de l’élection présidentielle.
Naturellement, comme c’est le cas dans les débats santé depuis le début de la campagne, la thématique de l’accès aux soins tient le devant de la scène. Et ce d’autant plus que les futurs généralistes se retrouvent souvent au centre des propositions des candidats sur ce sujet. Ils ont donc à cœur de faire entendre leur voix sur ce sujet.
« Il n’y a pas de recette miracle ni de solutions à court terme pour régler ce problème. Seules les mesures de moyen à long terme permettront d’inverser cette tendance qui s’est lentement installée. La coercition, qui consiste à mettre fin à la liberté d’installation, est une mesure contre-productive », répète l’Isnar-IMG. Le syndicat formule donc une série de propositions, certaines déjà mises en avant dans son livre blanc ou son guide de l’accès aux soins.
Internats ruraux et secrétariat public
Les IMG demandent notamment la mise en place d’hébergements territoriaux des étudiants en santé (HTES) pour accueillir les étudiants en stage dans les territoires. Pour les inciter à s’éloigner des CHU, ils réclament aussi la revalorisation de l’indemnité forfaitaire de transport. Autre dispositif à mettre en place : un guichet unique dans chaque département pour l’accueil des internes mais aussi pour accompagner les jeunes médecins dans leur installation. Côté installation, l’Isnar-IMG suggère également que les collectivités territoriales financent pendant cinq ans suivant l’installation, un secrétariat public pour les jeunes médecins en zone sous-dense.
Favoriser l’interprofessionnalité et assurer une couverture complète du territoire par les CPTS font aussi partie des solutions mises en avant pour l’accès aux soins.
Les remplaçants contribuent également au renforcement de l’accès aux soins. La simplification des démarches pour obtenir sa licence avec une procédure dématérialisée qui mutualiserait les différentes formalités est donc souhaitable selon les IMG.
La démocratisation des lignes directes entre soignants de premier recours et spécialistes hospitaliers améliorerait la coordination ville/hôpital. Quant à la permanence des soins ambulatoires, l’idée est de demander aux collectivités locales de mettre à disposition des médecins un local de fonction pour les gardes.
Participation à la PDSA en stage
Les mesures favorisant l’accès aux soins sont aussi à prévoir dès la formation des futurs médecins. C’est pourquoi les internes appellent une nouvelle fois à développer les stages en ambulatoire et hors CHU et à augmenter le nombre d’enseignants et de maîtres de stage des universités (MSU). Les jeunes médecins aimeraient également pouvoir, en stage ambulatoire, effectuer des demi-gardes ou gardes et participer à la PDSA.
Création d'une Rosp santé environnementale
Comme ils l’ont montré récemment lors de leur 22e Congrès, l’environnement est une priorité pour les jeunes médecins. Le deuxième volet de leurs propositions est donc consacré à l’Écologie.
Au-delà des mesures pour généraliser le Nutri-Score ou accélérer la recherche et la lutte contre les changements climatiques, les jeunes médecins proposent de former les professionnels de santé sur le sujet notamment en incluant ces formations dans l’objectif triennal de l’ANDPC. Ils suggèrent également de créer une Rosp santé environnementale pour « valoriser les comportements de santé durables ».
Mais l’effort doit aussi se situer du côté du secteur de la santé qui « est actuellement responsable de 4,6 % des émissions de gaz à effets de serre en France », rappellent-ils. Remise en question de la politique de l’usage unique des dispositifs médicaux, développement de la filière de recyclage pour ces derniers, relocalisation en Europe d’une partie de la production des médicaments et dispositifs font aussi partie des propositions.
Mieux former à la santé mentale
La santé publique tient une place de choix dans les priorités des IMG. Ils formulent donc des propositions sur plusieurs thèmes.
Pour la santé mentale, là encore ils recommandent de créer un indicateur dans la Rosp. Sur le plan de la formation, la possibilité de réaliser des demi-journées de stage en structures de santé mentale ou la réalisation systématique de formation type « Premier secours en santé mentale » devraient permettre d’améliorer la compétence des généralistes dans ce domaine.
Ouverture de terrains de stages dans les Ehpad et les Unités de soins longue durée, remboursement de l’activité physique adaptée pour les personnes en perte d’autonomie, consultations de suivi à différents âges, inclusions des directives anticipées dans MonEspaceSante.fr… Le sujet du grand âge n’est pas oublié par les internes.
Tout comme celui de la précarité. Les jeunes médecins appellent notamment à augmenter les budgets des Pass et à y garantir l’accès. Ils évoquent aussi l’idée d’un bilan de santé minimal financé par l’UE et proposé à toutes personnes arrivant en situation irrégulière sur le sol européen. Selon eux, il faudrait aussi permettre à chaque médecin d’avoir accès à un interprétariat téléphonique gratuitement.
Enfin, pour la santé sexuelle, ils appellent à l’extension des remboursements sans avance de frais des dépistages sans ordonnance des IST ou encore à la gratuité de la contraception d’urgence.
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