Un regard à l’international permet de réaliser que pour redresser leur démographie médicale, certains pays prennent moins de gants que le nôtre.
En 2014, un rapport publié par l’OCDE* faisait le point sur les disparités géographiques dans l’offre médicale, et les réponses que différents pays avaient tenté d’y apporter. Certaines solutions étudiées semblent séduisantes sur le papier, mais difficilement applicable dans le cadre réglementaire et culturel français. C’est par exemple le cas au Japon, où de plus en plus de facultés utilisent un système de quotas pour s’assurer un recrutement suffisant d’étudiants originaires de la région où elles sont implantées. Chaque préfecture ayant au moins une faculté, cette politique est censée permettre d’assurer la formation de médecins originaires de toutes les parties du pays, y compris des zones les moins attractives. Le rapport de l’OCDE mentionne même une université japonaise exclusivement dédiée à la formation de médecins originaires des zones défavorisées. L’idée, bien sûr, est qu’on a tendance à s’installer non loin de l’endroit où l’on a ses racines. Reste qu’une telle politique de discrimination positive aurait du mal à être transposée en France !
Le document de l’OCDE mentionne un sujet tout aussi explosif dans l’Hexagone : le choix du lieu d’installation des médecins. Des pays comme le Danemark ou l’Allemagne, par exemple, limitent l’installation dans les zones les plus dotées. Et dans d’autres pays, ce sont les médecins diplômés à l’étranger qui ne peuvent s’établir où bon leur semble. L’Australie, par exemple, a imposé ce qu’on appelle un « moratoire de 10 ans » : l’obtention d’un numéro d’immatriculation des praticiens étrangers à l’Assurance maladie est conditionnée à une durée d’exercice de 10 ans dans un district en pénurie de main d’œuvre, généralement situé en zone rurale. Là aussi, on voit mal comment, si d’aventure la France souhaitait imiter cet exemple venu des antipodes, elle pourrait concilier une telle politique avec le principe de l’égalité républicaine… ou avec celui de la liberté d’installation.
* Tomoko Ono, Michael Schoenstein, James Buchan, Geographic Imbalances in Doctor Supply and Policy Responses, OECD Health Working Papers No. 69, 2014
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