Diplômé en chirurgie orthopédique et en traumatologie dans son pays d’origine, Cuba, le Dr Arael Ortiz Cartier, 54 ans, en situation irrégulière à Joigny (Yonne), a reçu l’ordre de quitter le territoire français (OQTF). Alors que Gabriel Attal est prêt à envoyer un émissaire pour recruter des médecins étrangers, la situation du Dr Ortiz Cartier exaspère fortement le maire de Joigny, Nicolas Soret et plusieurs habitants qui ne comprennent pas « pourquoi l’administration ne l’autorise pas à travailler dans le secteur médical en tension ». « On a besoin de médecins comme lui dans l'Yonne et au niveau national. C'est incompréhensible », commente Frédéric Loth, membre du collectif de défense du docteur, interrogé par l’Yonne Républicaine.
L’histoire du médecin cubain commence en 2016. Comme d’autres praticiens de son pays, le chirurgien a été envoyé au Yémen en zone de guerre. Mais le Dr Ortiz Cartier a pu fuir ce système et s’installer en France à Joigny en février 2020. C’est là que son parcours administratif commence. Ses demandes d’asile ont été refusées en 2022 puis en 2023, idem pour le titre de séjour, en raison notamment de sa non-maîtrise de la langue. Pourtant, l’hôpital local en manque de bras est prêt à l'engager, s'il obtient son titre de séjour. La mairie de Joigny fait même une promesse d'embauche, rejetée par les services de l’État. « Mon grand rêve serait d'exercer en tant que médecin, ici en France, et de m'installer comme spécialiste d'orthopédie et de traumatologie, ou d'utiliser mes compétences dans le domaine du sport. Quand est-ce que je pourrai aider un peu plus les autres ? », a déclaré le Dr Ortiz Cartier à France 3 Bourgogne Franche Comté. Le médecin se dit aussi prêt à suivre « tout le parcours » nécessaire pour pouvoir exercer légalement.
Désertion médicale
Face à la menace de l’expulsion du docteur, un collectif de défense s’est mobilisé en envoyant une lettre ouverte à la préfecture. Selon la presse locale, la préfecture a suggéré au Dr Arael Ortiz Cartier de rentrer dans son pays pour solliciter ensuite auprès du consulat de France un visa adapté à sa profession médicale. Il pourrait alors obtenir soit une décision d'affectation, soit une attestation permettant un exercice temporaire, soit une autorisation d'exercer.
Avec ce visa long séjour, le médecin pourrait aussi obtenir un titre de séjour « talent professions médicales » créé par la nouvelle loi pour contrôler l’immigration. Mais ce retour à Cuba est risqué pour le praticien qui pourrait être emprisonné pour désertion médicale. Pour l’heure, le Cubain a comme solution de faire un recours devant le tribunal administratif. « On espère qu'un autre moyen sera trouvé avant d'en arriver là », affirment ses soutiens.
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