Reagjir dit oui à la recertification avec une visite obligatoire chez un médecin du travail

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Publié le 24/09/2018
Recertification

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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Le ministère de la Santé souhaite instaurer une recertification périodique des compétences des médecins. Un groupe de travail piloté par l'ex-doyen de Paris VI, le Pr Serge Uzan, doit remettre prochainement un rapport sur le sujet à Agnès Buzyn.

Une majorité de généralistes demeurent relativement frileux devant cette future obligation. La jeune génération semble, elle, y être davantage favorable, à l'instar du Regroupement autonome des généralistes, jeunes installés et remplaçants (Reagjir).

Une procédure quinquennale

Le syndicat a planché pendant neuf mois pour déterminer ce que doit recouvrir la future démarche. Dans un document de 6 pages adopté en conseil d'administration le week-end dernier et dont Le Généraliste a pu prendre connaissance, le syndicat plaide pour la mise en place d'une recertification tous les cinq ans de tous les médecins diplômés à partir de 2020. Il souhaite que les médecins diplômés antérieurement puissent s'engager dans ce « processus d'assurance qualité » sur la base du volontariat et que tous les médecins soient tenus de s'y soumettre d'ici à dix ans.

« Cette démarche est un gage de confiance dans la relation médecin-patient, explique le Dr Yannick Schmitt, président de Reagjir. Il s'agit d'accompagner le médecin dans le développement de ses compétences, sa santé et son parcours professionnel. »

Plutôt qu'un contrôle des connaissances, le syndicat de jeunes généralistes veut que la recertification permette de réévaluer les compétences du médecin, qu'il s'agisse de sa bonne communication avec le patient, sa prise en compte de la complexité ou la continuité et la coordination des soins... L'implication du médecin dans l'enseignement (maîtrise de stage) ou l'organisation de la profession (syndicalisme, mandat dans une instance...) pourraient également être reconnues.

En pratique, le développement professionnel continu (DPC), certaines actions de formation continue dont le financement est indépendant des laboratoires ou la participation à un groupe de pairs et à des congrès à comité scientifique devraient constituer une partie de la recertification, estiment les jeunes généralistes. Reagjir veut que les médecins qui le souhaitent puissent accéder dans ce cadre à un bilan de compétences.

Un temps de prévention

Surtout, les jeunes généralistes souhaitent que la recertification tienne compte de l'état de santé du praticien et qu'à cette occasion, tous les médecins soient tenus de voir un médecin du travail. « De nombreux praticiens se prennent en charge eux-mêmes et sont mal suivis, observe le Dr Vanessa Fortané, vice-présidente de Reagjir. Notre idée est de faire de la prévention sur le corps médical car un médecin en bonne santé est un meilleur médecin. » En pratique, Reagjir suggère la mise en place d'une attestation d'aptitude –sur les aspects psychiques et psychologiques– délivrée par un médecin du travail au moins une fois tous les cinq ans.

Cette procédure, indépendante du conseil de l'Ordre, nécessiterait de rendre accessible la médecine du travail à l'ensemble des praticiens.

La recertification ne doit en tout cas pas s'inscrire dans une logique sanctionnante, selon le syndicat. Il propose au contraire que les médecins qui s'engageraient volontairement dans la démarche puissent être valorisés dans le cadre du forfait structure.

Pour un pilotage par un haut comité

« Le seul critère pouvant entraîner une suspension administrative du droit d'exercice doit être l'inaptitude médicale exprimée par le médecin du travail », précise le document validé en conseil d'administration. Reagjir recommande que les praticiens n'ayant pas rempli les exigences de la recertification bénéficient d'un accompagnement personnalisé afin de fixer si nécessaire, après un entretien confraternel, un calendrier de formations complémentaires en lien avec les difficultés rencontrées à réaliser dans les six mois.

Pour assurer le succès du dispositif, Reagjir réclame la constitution d'un haut comité de la recertification qui ferait intervenir l'ensemble des acteurs concernés (syndicats, collèges professionnels, agence nationale du DPC...) avec une majorité de médecins dans ses instances.

Reste à savoir si le groupe de travail – qui n'a pas auditionné Reagjir – tiendra compte des propositions des jeunes généralistes.


Source : lequotidiendumedecin.fr