L’histoire commence par un message posté sur X (ex-Twitter) qui ne laisse aucun doute sur les idées politiques de son auteur. Guillaume Bensoussan, membre du parti Reconquête et ancien candidat pour les Français de l’étranger aux législatives de 2024, pointe la consonance étrangère des noms de famille des praticiens qui exercent à Urgences médecins Oise (UMO), centre de consultations privé ouvert 24H/24 et répartis sur trois sites (Creil, Beauvais et Compiègne). Son objectif : dénoncer par une antiphrase la mise en œuvre effective du « grand remplacement », théorie raciste et complotiste infondée qui joue sur la peur d’une invasion migratoire hors de contrôle.
On a pris les choses en pleine figure ! Ce tweet est raciste, politisé et surtout complètement mensonger
Dr Haïssam Chaker
Offensive nationaliste
C’est peu dire que cette offensive nationaliste a choqué les principaux concernés. « On a pris les choses en pleine figure. D’autant plus que c’est une claque qui n’a aucun sens. Ce tweet est raciste, politisé et surtout complètement mensonger », s’insurge le Dr Haïssam Chaker, directeur de la structure joint ce jeudi 24 avril par Le Quotidien. La quarantaine de médecins, remplaçants compris, qui travaillent à UMO sont tous Français, et titulaires d’un diplôme de médecine français. « Nous sommes tous inscrits au tableau de l’Ordre, sinon nous ne pourrions pas exercer », poursuit le praticien de 61 ans, encore « abasourdi », par cette attaque. Le Dr Chaker met en avant les 150 000 consultations assurées en 2024 auprès des patients sur les trois antennes de la structure (ouverte depuis près de dix ans), dans un département confronté aux difficultés des déserts médicaux.
Une semaine après l’attaque, l’heure n’est plus aux excuses ou aux justifications, d’autant que le tweet, toujours en ligne, a été alimenté par plusieurs dizaines de commentaires tout aussi haineux. « On s’est réveillé complètement. Nos avocats sont sur le dossier et à partir de demain, vendredi, nous allons porter plainte », déclare le Dr Chaker. Devant quelle juridiction ? « Nous suivrons les conseils de nos avocats. C’est une première, ni moi, ni mes confrères n’avons jamais porté plainte. Mais on ne peut pas laisser passer ce qui s’est produit », poursuit le médecin isarien, fort du soutien de l’Ordre du département.
« On les accompagnera là où ils veulent aller. C’est plutôt du civil de prime abord, mais, ça peut être du pénal, c’est aussi justifié. Il n’y a pas de problème. Nous sommes tombés des nues à la vue de ce tweet », confie au Quotidien le Dr Philippe Véron, président du Conseil de l’Ordre départemental des médecins de l’Oise, prêt, lui aussi, à en découdre.
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