Depuis ce mardi midi, le Dr Sylvaine Le Liboux est en grève. Une pancarte affichée au cabinet en informe les patients renvoyés vers le 15 en cas d’urgence. La généraliste installée à Valençay (Indre) conteste l’installation prochaine, mi-octobre, d’une cabine de téléconsultation dans sa ville, information relayée par « La Nouvelle République » . Elle a appris la nouvelle ce matin même, dans un courrier adressé par la communauté de communes d’Écueillé-Valençay et de la MSA Berry-Touraine à l’origine de cette initiative destinée à pallier le manque de médecins.
« Il n’y a eu aucune concertation avec les professionnels de santé, peste le Dr Le Liboux. Nous avons été mis devant le fait accompli. » La praticienne est d’autant plus en rogne qu’elle préside la CPTS locale, dont la mission est justement d’organiser les soins non programmés sur le territoire. « Cela fait deux ans qu’on se bat pour l’accès aux soins. On est une centaine de médecins libéraux à s’organiser et on n’est pas informés ! Il y a de quoi être en colère ! », insiste le médecin, également secrétaire générale de la branche généraliste de la CSMF.
Téléconsultation non remboursée ?
Si elle avait été informée en amont, le Dr Le Liboux aurait pu mettre en garde les auteurs de cette initiative… Car tout laisse penser que le dispositif de téléconsultation mis en place prochainement à Valençay ne permettra pas aux patients de se faire rembourser par l’Assurance-maladie. « La MSA ne savait même pas que le dispositif ne rentrait pas dans le cadre de l’avenant 9 signé cet été, confie la généraliste. C’est moi qui leur ai appris aujourd’hui ! » Selon ce texte, paru au Journal officiel au mois de septembre, les téléconsultations de médecine générale s’adressent aux patients « n’ayant pas de médecin traitant désigné et en l’absence d’organisation territoriale », ce qui n’est pas le cas à Valençay et plus généralement dans l’Indre, couvert en quasi-totalité par des CPTS.
Dialogue renoué avec les médecins
« C’est vrai que c’est une interrogation, reconnaît Étienne Meunier, sous-directeur du service aux assurés de la MSA. Nous allons contacter l’ARS pour mettre ça au clair. » Pas question à ce stade de remettre en cause l’installation de la borne de téléconsultation, prévue mi-octobre. L’opération s’inscrit dans une expérimentation d’un an, suite à un appel d’offres remporté cet été, avant la parution de l’avenant 9.
« Tout a été très vite et nous avons informé les professionnels de santé ces jours-ci seulement », indique Étienne Meunier qui affiche sa bonne volonté. Une rencontre est prévue avec la CPTS demain mercredi. « Notre but est de travailler avec les médecins, de proposer ces outils complémentaires à ce qui existe déjà, pas d’être en porte-à-faux », plaide-t-il.
Pas sûr qu’il parvienne à convaincre le Dr Le Liboux. « C’est de la sous-médecine. Une consultation médicale, c’est un interrogatoire, un examen clinique », dénonce la généraliste à propos des bornes mises en place sans assistance d’un professionnel de santé aux côtés du patient. Rien à voir avec les solutions de télémédecine et de télé-expertise mise en place par la CPTS, selon elle. « Je ne veux pas de cabine de consultation dans ma ville. Sinon je ferme ! », prévient le médecin.
Suite à l'initiative du Dr Le Liboux, les deux médecins de Valençay sont en « grève illimitée jusqu'à ce projet [de borne de téléconsultation, ndlr] soit abandonné », indique un communiqué de la branche généralistes de la CSMF diffusé ce mercredi matin.
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