En pleine crise sanitaire, la moitié des médecins (tous modes d'exercice) affirment présenter des symptômes de burn-out. Tel est l'enseignement principal d'une enquête* déclarative réalisée par Medscape, auprès d'un peu plus de 1 000 médecins français.
Entre juin et septembre 2020, exactement 51 % des praticiens interrogés estimaient souffrir de symptômes d'épuisement professionnel, phénomène qui s'est aggravé par rapport aux enquêtes similaires des années précédentes. Les femmes médecins sont plus touchées (56 %) que les hommes. Autre enseignement : la crise sanitaire a aggravé la sévérité du burn-out pour près de deux tiers des médecins. 29 % se déclaraient très inquiets d'être infecté par un patient ou un confrère et de tomber gravement malade.
14 % prêts à lâcher le stéthoscope
La moitié des médecins en situation de burn-out estiment que celui-ci est « sévère » (évalué de 5 à 7 sur une échelle de 7) ; et 14 % des praticiens jugent cette souffrance très sévère « au point d'envisager de quitter la médecine ». Toujours selon cette enquête, près d'un tiers des médecins concernés affirment avoir déjà eu des pensées suicidaires.
Pour 83 % des répondants, l’épuisement professionnel constaté a un impact délétère sur leurs relations personnelles et familiales (absence du domicile, divorce, crainte de ne pas voir grandir ses enfants). 58 % d'entre eux assurent prendre de la distance et s'isoler des autres, 23 % mangent compulsivement, 20 % boivent de l'alcool, 15 % indiquent fumer et la même proportion consommer des médicaments sous ordonnance.
Semaines à rallonge
L'enquête s'est penchée sur les conditions de travail des médecins interrogés.
Trois quarts des médecins travaillent plus de 40 heures par semaine (18 % dépassant les 60 heures). 35 % des praticiens déclarent avoir travaillé davantage depuis le début de l'épidémie (dont près de la moitié a fait au moins 5 heures supplémentaires par semaine pendant le Covid).
Parmi les facteurs contribuant au burn-out, les médecins citent dans l'ordre : le nombre excessifs d'heures de travail, le manque de respect de la part des employeurs, collègues ou du personnel, le sentiment de n'être qu'un rouage dans le système et les revenus insuffisants devant le manque de respect de la part des patients et les lois adoptées.

Pour sortir de la spirale du burn-out, 52 % des médecins libéraux interrogés seraient prêts à diminuer leurs revenus pour équilibrer travail et vie privée (contre seulement 41 % des hospitaliers). 45 % estiment qu'ils pourraient réduire leur épuisement en modifiant leur pratique médicale, 30 % en prenant une retraite anticipée et 27 % en changeant carrément de carrière en quittant la médecine.
* 1 025 médecins (dont 19 % de généralistes) exerçant en France, ont répondu en ligne entre le 2 juin et le 8 septembre 2020. Un peu plus de la moitié de l’échantillon est composé d’hommes (54 %), près d’un quart des répondants exercent en Île-de-France. 53 % exercent à l'hôpital, 9 % en clinique et le reste du panel en cabinet libéral.
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