Les récentes évolutions technologiques ou l’essor des modes d’exercice collectif amènent souvent à parler de rupture de générations. Bercés par le global network et les réseaux sociaux, les professionnels de santé de demain exerceront différemment de leurs aïeux.
La preuve en a été une nouvelle fois donnée lors des récentes journées de rentrée du Centre national des professions de santé (CNPS), organisées à Paris. Lors d’un débat spécifique sur l’avenir de l’exercice, plusieurs jeunes professionnels ont revendiqué ce décalage. Sarah Barmio, présidente de l’Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD) assure ainsi que « l’ancienne génération ne comprend pas la nouvelle ». À l’entendre, tout les sépare : « Nous sommes digital native, nous avons vu Internet arriver, plaide-t-elle, et pas eux. Nous maîtrisons beaucoup mieux qu’eux ces nouveaux outils ».
Difficiles projections
Au-delà de la rupture technologique, les incertaines perspectives d’avenir ont une influence sur les aspirations des jeunes professionnels. « On nous reproche parfois d’être impatients, de vouloir tout, tout de suite, Sarah Hoarau, présidente de la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (FNEK). Cette impatience est le reflet de notre incapacité à nous projeter, se défend-elle. Nous ne savons pas où sera le monde dans dix ans, ni si nous percevrons nos retraites. Nous nous investissons donc dans le quotidien ».
Catherine Lemorton, présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, comprend cette nouvelle génération, même si elle n’en fait pas partie. « La société actuelle est pleine d’incertitudes, c’est une société guerrière, plaide-t-elle. L’insécurité explique cette absence de projections des jeunes professionnels de santé ».
Mais pour d’autres, ce clivage est artificiel. Daniel Paguessorhaye, président de la Fédération française des masseurs- kinésithérapeutes réadaptateurs (FFMKR), rappelle ainsi que son grand-père, né en 1894, « n’était pas étonné par les multiples avancées technologiques, il s’adaptait constamment. Les smartphones sont aujourd’hui un outil utile à tous, pas seulement aux plus jeunes. La segmentation des générations me semble étrange », juge-t-il. La difficulté à se projeter n’est pas non plus à ses yeux l’apanage des plus jeunes. « J’étais salarié avant de m’installer en libéral, explique-t-il. Moi non plus je ne savais pas, à l’issue de mes études, comment me projeter ».
Libéral, un secteur d’avenir ?
Alors que l’exercice salarié a le vent en poupe chez les médecins, les jeunes professionnels de santé gardent une appétence pour l’exercice libéral. « Ce mode d’exercice nous permet d’adapter nos pratiques à nos envies, explique Sarah Hoarau. Nous pouvons travailler plus pour gagner plus ou décider de prendre davantage de temps pour nos loisirs et nos voyages. » Chez les étudiants en chirurgie dentaire, « 90 % des jeunes privilégient une pratique libérale », assure Sarah Barmio. De nombreux professionnels s’orientent vers le libéral pour conserver leur indépendance.
Le Dr Éric Henry, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), tente l’impossible synthèse et vole au secours des jeunes qui voient un clivage entre les seniors et eux : « C’est en s’opposant qu’on se pose, conclut-il. Il faut que chaque génération invente la médecine qu’elle souhaite ».
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