LUNA, MAXIME, PRISCILLA, l’évocation de ces trois cas fournit sa trame au documentaire produit par Capa et diffusé par France 3 lundi (20 h 35). Trois cas tragiques, avec des images pathétiques. Luna, 7 ans, en fauteuil et corsetée, a été victime d’une erreur diagnostique il y a 8 mois, selon Anne, sa mère, qui explique que l’interne a prescrit du Doliprane à l’enfant et l’a renvoyée chez elle, alors qu’elle était atteinte d’une méningite. La caméra filme l’appartement aménagé. Puis le cabinet de l’avocat. Celui-ci annonce à Anne que l’assurance de l’hôpital propose le versement d’une rente plutôt que le paiement d’un capital, en application d’une logique comptable cynique, calculée sur l’espérance-vie...La mère s’effondre, sanglote, pousse des cris. L’avocat, lui prend l’épaule, un il vers la caméra, et lui propose un verre d’eau, un café, ou un whisky... La caméra s’arrête pesamment.
« Ce qu’ils lui ont fait n’est pas normal ».
Maxime, 15 ans, a fait un soleil en vélo, chutant lourdement sur un chemin forestier. Ses parents racontent comment, après une rupture de la rate, il décédera en 48 heures à l’hôpital, une infirmière leur glissant alors : « Battez-vous, ce qu’ils lui ont fait n’est pas normal. » Le film revient sur les lieux de l’accident en compagnie du père. « Qu’est-ce qu’il adorait être ici, s’exclame celui-ci. Qu’est-ce qu’il aimait être là ! Oh mon Dieu ! » Pendant qu’on entend les sanglots de l’homme étranglé par l’émotion, la caméra effectue un travelling interminable dans les frondaisons des arbres inondés de lumière. Un peu plus tard, Laura, petite sur du disparu, vient lire la lettre qu’elle a écrite le jour de Noël au chirurgien mis en cause : « Si tu avais fait ton métier, Maxime serait là. Un jour, il te réclamera des comptes. Je te souhaite un joyeux Noël, triste et froid comme sera le nôtre... »
Priscilla, 29 ans, elle, pleure son père, mort des suites d’une confusion entre deux poches de solutés. Cette fois, la réalisatrice présente une cassette vidéo tournée avant le drame : sur son home cinéma, Priscilla visionne les images de son père dans un club de vacances, nageant dans le bonheur, rayonnant de santé. « Il ne savait pas que, dans quelques mois, une infirmière allait confondre deux solutés... »
Cette insistance (pour ne pas dire complaisance) dans le pathos n’est pas omniprésente. Quelques reportages l’entrecoupent. Une mission du Dr Jean-Luc Quenon, filmée en caméra caché, montre les mésaventures de ce médecin admis en urgence dans un hôpital, simulant les suites d’un malaise pour tester in situ tous les points de faiblesse du système d’identification des patients. Le débriefing est particulièrement instructif, avec ce chirurgien qui remarque : « On a tous été victime un jour d’une erreur de côté, moi compris. »
Des infirmières de bloc sont aussi filmées à l’Institut Montsouris, elles présentent les deux poches de chlorure de potassium et de chlorure de magnésium exactement identiques, les deux ampoules jumelles d’atropine et d’éphédrine. « Elles sont pareilles, justement, parce qu’on a voulu nous inciter à lire et à relire les noms qui figurent sur les emballages », commente l’une des interviewées.
L’enquête s’en tiendra là. Mais le documentaire ne se lasse pas des écoulements lacrymaux. Dans l’un des cas, il s’agira de celles d’une soignante, l’infirmière, qui a confondu deux poches de solutés, filmée à l’issue d’une audience de justice, bouleversée. Elle sera condamnée mais échappera à l’interdiction d’exercer.
La dernière séquence est consacrée à une manifestation organisée par les parents de Maxime. À l’invitation du père, les amis défilent avec des banderoles « Maxime tué à l’hôpital » et viennent allumer une bougie devant la photo géante de l’ado. Une voix off lâche les mots de la fin : « En 20 ans, le nombre des réclamations a été multiplié par quatre. Les Français osent demander des comptes... Le système de soins français reste un des meilleurs du monde. »
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