AU LENDEMAIN d’un scrutin professionnel qui (re)compose le paysage médical pour cinq ans, les leaders syndicaux se livrent pour la plupart à une lecture du scrutin… très avantageuse. Satisfaction démonstrative à la CSMF, qui pouvait perdre beaucoup, et voit dans les résultats agrégés la validation de sa stratégie d’opposition frontale à la loi Bachelot. Grande joie au SML, deuxième sur le podium, qui recueille les fruits de sa restructuration interne et de son discours constructif et décalé. Satisfaction et posture offensive aussi à MG-France qui a assuré l’essentiel en conservant son leadership généraliste. Au BLOC, c’est la divine surprise… En revanche, le réveil est très douloureux à la FMF. Quant à Union Collégiale, elle ne cache pas quelques regrets.
• Dr Michel Chassang, président de la CSMF : « Rejet clair et net de la loi HPST »
« Le score que nous réalisons montre le rejet clair net et précis de la loi HPST et de la politique gouvernementale. La CSMF est de loin le 1er syndicat médical du pays, en dépit de l’émiettement du corps médical. Dans beaucoup de régions, la CSMF est devant MG-France dans le 1er collège. Nous sommes en progression chez les généralistes, et encore plus chez les spécialistes. Quant au collège AOC, il n’existait pas la dernière fois, il n’est donc pas possible d’extrapoler. Au total, la CSMF se retrouve majoritaire seule dans au moins 5 à 6 régions, et si nous faisons alliance avec un autre syndicat, nous pourrons présider la quasi-totalité des unions. Au vu de ces résultats, nous lançons un appel au gouvernement. Il est temps pour lui de se ressaisir, et de passer de la parole aux actes en changeant de politique. Nous sommes à la disposition de nos partenaires pour engager des négociations avec le gouvernement. Mais nous y posons un préalable : que ce gouvernement procède à un nettoyage de la loi HPST dans le prochain PLFSS [projet de loi de financement de la sécurité Sociale]. »
• Dr Christian Jeambrun, président du SML : « Nous sommes en ordre de marche »
« On ne nous attendait pas à ce niveau-là. Depuis que je suis président, nous avons préparé ces élections, nous avons relooké le syndicat, enregistré 22 % d’adhésions supplémentaires. Nous sommes présents dans 92 départements. Le SML est un syndicat de propositions qui en présentera d’ailleurs de nouvelles lors de son université de rentrée fin novembre. Nous avons maintenant 232 candidats élus dans les trois collèges. Ce résultat est le fruit de très nombreuses soirées passées sur le terrain à parler avec nos confrères de retraite active ou de l’exercice des femmes. Roselyne Bachelot m’a appelé pour me féliciter. Aujourd’hui, avec 20 % dans le collège généraliste et 30 % chez les spécialistes, le SML est en ordre de marche. »
• Dr Claude Leicher, président de MG-France : « Des volets conventionnels métiers »
« MG-France confirme sa position de numéro un chez les généralistes dans une élection par collège. Seul le troisième collège (autres spécialistes) est gagné par la CSMF. Cette composition du paysage syndical doit être prise en compte par les responsables politiques qui ne peuvent plus ignorer la nécessité de répondre aux problèmes spécifiques de chaque métier, et qui doivent faire le constat que la pseudo unité des médecins n’est pas une réalité sociologique. Le scrutin de 2010 exprime comme les précédents un vote protestataire car aucun des problèmes d’exercice n’a été réglé par la précédente convention. MG-France attend en premier lieu que le gouvernement confirme son engagement en faveur des soins de premier recours (...). Nous demandons que la prochaine convention comporte des volets métiers spécifiques pour les généralistes, les cliniciens, les plateaux techniques lourds. »
• Dr Philippe Cuq, coprésident du BLOC : « Nous espérons avoir les coudées franches »
« Nous sommes devant un changement de paysage électoral. MG-France a gagné chez les généralistes, le BLOC dans le deuxième collège et la CSMF dans le 3e collège. La convention de 2005 n’a rien réglé sur la démographie médicale, sur la médecine générale ou sur nos spécialités. J’espère que les pouvoirs publics et les partenaires (UNCAM et UNOCAM) tiendront compte du résultat de ces élections et que nous aurons les coudées franches, dans notre collège car nous sommes majoritaires. Nous avons des propositions concrètes pour trouver des solutions à nos problèmes. Par leur vote, les médecins ont dit qu’ils ne voulaient pas du secteur optionnel. »
• Dr Jean-Claude Régi, président de la FMF : « Analyse critique de notre ligne politique »
« Je prévoyais bien un tassement de la FMF, mais pas d’une telle ampleur. Nous perdons 10 points par rapport au scrutin de 2006. Je paye mon soutien supposé à Mme Bachelot et à sa loi HPST. Soutien supposé, car la FMF n’a jamais soutenu l’ensemble de sa loi, nous en avons même combattu certains aspects dès la première heure. Mais je n’ai pas réussi à faire comprendre aux médecins cette position nuancée. Par ailleurs, j’ai toujours eu la volonté d’être un président qui œuvre à unir la profession, notamment entre généralistes et spécialistes. Beaucoup de spécialistes n’ont cependant pas compris cette politique. Je perds sans doute des plumes, mais je n’ai pas honte de ce que j’ai fait. Je suis heureux qu’UG ait obtenu sa représentativité, mais je ne peux me réjouir du résultat global, avec cette dégringolade de notre score chez les spécialistes. Nous allons étudier la situation, et procéder à une analyse critique de notre ligne politique. Il faudra sans doute être plus clair dans notre message. »
• Dr Meyer Sabbah, président d’Union Collégiale : « Un score correct »
« Le score d’UC est correct et même plus que convenable. Nous sommes un peu déçus de ne pas avoir créé la « surprise » qu’on nous promettait, mais même dans des régions où nous n’existions pas auparavant, comme la Bourgogne, la Lorraine ou Champagne-Ardenne, nous réalisons des scores d’autant plus satisfaisants que nous ne visions que les MOST (médecins à orientation spécifique thérapeutique). Ce cœur de cible des MOST représente au maximum 15 à 17 % des effectifs totaux. Cela signifie que 50 % environ de notre cible a voté pour nous, et pourtant, nous n’avons pas eu la chance, comme Le BLOC, d’avoir un collège taillé sur mesure. Mon seul regret est de ne pas avoir pu présenter de listes dans toutes les régions. La précipitation de la convocation à l’élection, les coups bas et les imbroglios internes nous en ont empêchés. »
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