Le financement de la formation continue se réduit comme peau de chagrin

DPC : médecins et associations composent difficilement avec le nouveau régime

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Publié le 09/02/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Le DPC dépecé ?

Depuis 2010 et la disparition de la formation professionnelle conventionnelle (FPC) qui leur accordait jusqu'à huit jours d'actions indemnisées, les médecins libéraux n'ont cessé de voir se réduire la prise en charge de leur FMC.

Le montant de la formation indemnisée a d'abord diminué à six jours puis à quatre jours (soit huit demi-journées) avec le développement professionnel continu (DPC). Malgré le passage d'une obligation annuelle à une obligation triennale l'an dernier, le budget annuel du dispositif d'amélioration des pratiques des médecins demeure notoirement insuffisant. L'enveloppe allouée au DPC est consommée chaque année un peu plus tôt (mi-septembre en 2015, mi-août en 2016…). 

Dans ce contexte, les gestionnaires ont encore révisé certaines règles d'indemnisation des organismes en 2016, puis raboté de 3 700 à 2 940 euros le forfait annuel des médecins en 2017 (pour leur indemnisation et le règlement de l'organisme). Dernière décision en date pour cette année : la diminution du plafond de prise en charge à 21 heures par médecin à raison de 45 euros par heure (soit 315 euros au lieu de 345 euros pour l'indemnisation d'une journée présentielle). L'objectif est de former davantage de médecins à enveloppe constante.

Système complexe

« Les médecins perdent un peu avec cette réforme, décrypte le Dr Bernard Ortolan, directeur scientifique d'Evolutis DPC. L'État ne participera plus qu'au financement de 21 heures de formation par praticien et par an, soit moitié moins que le nombre d'heures de DPC recommandé au niveau international. »

Autre conséquence de ces nouvelles règles du jeu : les médecins s'inscrivent chaque année un peu plus tôt à des actions de DPC pour être assurés… de bénéficier d'un financement. L'agence nationale du DPC a déjà recensé plus de 8 500 demandes d'enregistrement de la part des praticiens fin janvier. « Les gens se précipitent et je prédis une consommation de l'enveloppe encore plus précoce cette année, à la mi-juin, avance le Dr Ortolan. Pour autant, certains médecins s'inscrivent sans connaître les nouvelles règles, alors qu'ils ont déjà dépassé leur forfait. Nous ne savons pas s'ils paieront la formation de leur poche ou s'ils se désinscriront. Nous avons toutes les raisons d'être inquiets. »

De surcroît, la réforme qui a suivi le fracassant rapport de l'IGAS de mai 2014 n'a pas pleinement rempli son objectif de simplification. « Le système reste très compliqué, constate le Dr Antoine de Beco, président de la Société de formation thérapeutique du généraliste (SFTG). Les médecins qui suivaient auparavant deux fois deux jours de formation ne peuvent plus désormais suivre qu'une session de deux jours et une troisième journée, certains sont perdus. » Les ajustements permanents, toujours à la baisse, troublent la profession. « Ces réductions budgétaires régulières sont inquiétantes, explique le même responsableÀ ce rythme, le risque est de ne pas suivre une formation suffisante. »

« On laisse des plumes »

De leur côté, les organismes peinent parfois à déposer leurs programmes sur le site de l'ANDPC. « On laisse des plumes à chaque fois, ajoute le patron de la SFTG, au niveau budgétaire, c'est complexe. »

Les syndicats de médecins se montrent critiques. « Le dispositif reste très administré, avec des thématiques limitées, trop de contraintes et de contrôles, déplore le Dr Philippe Vermesch, président du Syndicat des médecins libéraux (SML). La formation indemnisée était une contrepartie de la convention médicale, elle est aujourd'hui mise à mal. » Pour la FMF, dans ce DPC « au régime », les forfaits de prise en charge fondent comme neige au soleil…

Christophe Gattuso

Source : Le Quotidien du médecin: 9554