LE QUOTIDIEN – Vous venez de réunir votre comité directeur. Contrairement à d’autres syndicats, vous n’appelez pas les généralistes qualifiés spécialistes en MG à coter « CS » Pourquoi ?
Dr MICHEL COMBIER – C’est une histoire de volume ! Seuls 24 000 généralistes, moins de la moitié des omnipraticiens, ont obtenu leur qualification de spécialiste en médecine générale. Si on veut un mouvement fort, il ne faut pas exclure un généraliste sur deux. Au passage, j’observe que cette opération « CS » remonte déjà à un petit moment, ça n’a pas l’air de beaucoup marcher, même dans le Calvados… C’est compliqué.
Du coup, vous appelez l’ensemble des médecins généralistes à prendre le C à 23 euros à partir du 12 avril si ce tarif n’est pas dans le règlement arbitral…
Oui. Nous demandons aux généralistes d’appliquer la consultation à 23 euros puisque ce tarif a été signé dès 2007 dans la convention. On va se battre pour que cette mesure soit dans le règlement arbitral qui doit débuter le 11 avril. Nous lançons un compte à rebours. Si, à partir du 12 avril, le C à 23 euros n’est pas officiel, nous lancerons un mouvement pour le prendre d’autorité. Cette consigne a le mérite de toucher l’ensemble des généralistes, les MEP…
La CNAM réaffirme que ce tarif est illégal. Ne craignez-vous pas une procédure judiciaire ?
C’est un risque. La décision définitive sera prise en assemblée générale confédérale au mois de mars.
Vous pensez que les généralistes sont prêts désormais au bras de fer tarifaire ?
Oui, il y a un ras-le-bol parce qu’on les a pris pour des couillons. Sur la grippe, sur le C à 23 euros et sur le déficit maintenant en faisant croire que les médecins et les malades sont responsables alors que, même avec la grippe, nos dépenses sont dans les clous. Les généralistes sont remontés. Tous les jours, des médecins m’appellent pour démarrer le mouvement, certains me suggèrent de raviver les coordinations " propriétaires "…
Qu’attendez-vous des élections professionnelles ?
Les médecins libéraux se positionneront sur des enjeux forts. Aujourd’hui, l’entreprise médicale est en danger. Le nombre d’actes de médecine générale stagne. La seule façon de tenir, ce sont des actes correctement honorés avec une consultation de base pour toutes les spécialités à 25 euros, des moyens techniques et financiers pour la prévention et de santé publique, des consultations majorées pour les prises en charge multiples et complexes… On ne peut demander de hausser chaque année notre niveau de qualité sans moyen. Je suis confiant sur la force de ce message. Et quand je regarde à côté, je constate l’échec de certains syndicats au cours des dix dernières années. MG-France a changé deux fois de président dans la période : l’un qui n’avait pas vu le C à 20 euros, l’autre qui a soutenu la loi HPST qui n’apporte que des contraintes. Les élections, je veux les gagner, bien sûr, mais ce qui me préoccupe d’abord c’est la condition des médecins généralistes demain.
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