C'est la deuxième sortie de l'année pour le chef de l'État sur la thématique de la santé après ses vœux aux soignants présentés en janvier lors d'un déplacement au centre hospitalier de Corbeil-Essonnes. Ce mardi, Emmanuel Macron a consacré une visite très chahutée - sur fond de contestation prolongée contre la réforme des retraites - à la maison de santé pluridisciplinaire universitaire (MSPU) de Vendôme dans le Loir-et-Cher en compagnie du ministre de la Santé, François Braun.
« Cette maison de santé est une illustration concrète de lutte contre la désertification médicale, avait expliqué l'Élysée. Composée de médecins, de sages-femmes ou encore d’infirmières, elle permet de renforcer l’accès aux soins sur le territoire. En étroite collaboration avec l’université de Tours, cette maison de santé forme également de jeunes médecins chaque année. » Une visite qui intervient au lendemain de la présentation du règlement arbitral par Annick Morel aux syndicats de médecins libéraux.
Durant une bonne heure, Emmanuel Macron a ainsi longuement écouté et échangé avec les élus et les professionnels de santé présents. Face au creux démographique, le président, droit dans ses bottes, affirme vouloir continuer « ce qui a été déjà lancé ». D'ici à la fin de l'année, l'objectif est de procurer « d'ici à la fin de l'année » un médecin traitant aux quelque 600 0000 patients chroniques qui en sont privés. Ce plan commence à se décliner avec la généralisation de la campagne d'appels de la Cnam vers ces assurés, à partir d'une expérience dans le Val-de-Marne.
Pour faire face aux déserts médicaux, le locataire de l'Élysée affirme vouloir miser sur l'incitation. « Je ne crois pas à l'option coercitive, a-t-il dit, mais à celle qui consiste à créer une offre de soins de façon organisée comme les maisons de santé ou les CPTS », des structures qu'il souhaite encore développer.
Un réseau organisé et coordonné
Pour dégager le temps médical, Emmanuel Macron mise sur la simplification des actes administratifs avec le recrutement plus facile des assistants médicaux ainsi que sur les délégations d'actes médicaux à des IPA, des sages-femmes, des kinés et des pharmaciens. Cela doit se faire « de façon intelligente, dans le cadre d'un réseau organisé et en bonne coordination, pour prendre plus de patients ». Pour atteindre cet objectif, il entend s'appuyer sur « des conseils de la refondation territoriaux » systématisés à partir de cet été à l'échelle des 1 200 bassins de vie dans le pays, afin de « trouver les bonnes solutions ad hoc pour définir une feuille de route sur plusieurs années » associant « des professionnels avec des collectivités » et que « l'État abonde » financièrement.
Dans son intervention, Emmanuel Macron n'a pas omis de mentionner rapidement le règlement arbitral, « une première étape ». « L'arbitrage rendu a permis d'avancer sur les soins non programmés et les patients sans médecin traitant. Il faut tout de suite reprendre le travail pour trouver un système plus intelligent », a-t-il commenté. Mais à ses yeux, la réorganisation du système de santé doit s'accompagner d'une refondation du mode de rémunération. « On est au bout d'un modèle qui met au-dessus de tout la rémunération à l'acte », affirme-t-il.
Les MSP sont depuis quelques semaines au cœur de l'attention de l'exécutif. Début avril, la Première ministre avait visité la maison de santé rurale de Salles-Curan dans l'Aveyron. Le ministre de la Santé a enchaîné. Vendredi dernier, il a visité « une des plus grandes maisons de santé pluridisciplinaires de France » qui a récemment ouvert ses portes à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Lundi, il s'est rendu dans la Vienne où il a visité la MSP de Vivonne après avoir rencontré les équipes du service d'accès aux soins (SAS) installé au CHU de Poitiers. À cette occasion, François Braun a annoncé le lancement d'une mission de trois mois sur le SAS à laquelle participera notamment le Dr Henri Delelis-Fanien, directeur médical du Samu-Smur 86.
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