Passer du temps en famille, bénéficier d'une rémunération pendant la grossesse : un privilège encore rare en médecine de ville.
Alors que l'avantage maternité (pour les femmes médecins aux tarifs opposables) a été voté par l'Assemblée nationale dans le cadre du PLFSS en première lecture, de jeunes généralistes installées en libéral l'ont déjà testé dans le cadre du contrat de praticien territorial de médecine générale (PTMG) instauré par Marisol Touraine. Elles reçoivent ainsi 3 105 euros brut par mois, versés par l'agence régionale de santé (ARS) pendant leur congé maternité.
« Ce contrat m'a permis de me poser et d'être dans une dynamique où j'avais de quoi vivre, j'ai pu passer plus de temps avec mes enfants », explique le Dr Virginie Desgrez, 33 ans, médecin à Cruseilles (Haute-Savoie), qui a bénéficié d'un contrat de PTMG lors d'une création d'activité avec trois médecins, il y a deux ans.
Ce dispositif, qui s’adresse aux médecins voulant s’installer ou déjà installés depuis moins d’un an en libéral dans un territoire prioritaire (zone fragile, zone urbaine sensible, ou zone de vigilance), a permis au Dr Desgrez de se lancer rapidement, mais aussi d'être « plus souple professionnellement » pendant sa grossesse et de prendre deux semaines en plus avec son nouveau-né.
Plus de temps pour soi, un « privilège » également salué par le Dr Laurence Gill. Elle est la seule médecin d'une maison de santé en Ille-et-Vilaine, à Sens-de-Bretagne, commune qui pourrait devenir un désert médical dans quelques années. « J'ai pu m'arrêter pour ma grossesse six mois en tout, alors que je me serais sûrement arrêtée moins longtemps sans le complément de revenu du contrat PTMG », explique le Dr Gill, 33 ans. La protection maternité prévue dans le contrat permet aux médecins de s'assurer une rémunération de base permettant d'assumer les charges du cabinet.
« Les rétrocessions de ma remplaçante et les indemnités de l'assurance-maladie paient mes charges, le versement de l'ARS me permet d'avoir un salaire et donc d'être moins stressée », explique aussi le Dr Marie-Charlotte Mutambayi, généraliste à Pont-de-Buis-lès-Quimerch, dans le Finistère. La médecin et mère de famille de 32 ans est installée depuis 2015 dans une maison de santé montée avec deux amis de promo, sans reprise de patientèle. « Nous sommes partis de zéro, donc s'il n'y avait pas eu le contrat, je n'aurais pas pu faire un deuxième enfant tout de suite », explique la généraliste.
Objectif 1 700 installations cumulées pour 2017
Pour pouvoir exercer sous contrat de PTMG (incluant l'avantage maternité), il faut assurer 165 consultations par mois, aux tarifs opposables, participer à la permanence des soins et avoir une activité minimum de neuf demi-journées par semaine. Le ou les médecins s'engagent à monter un projet de soins ou à assumer la prise en charge d'une patientèle spécifique.
Ces contrats permettent une rémunération mensuelle garantie de 6 900 euros brut, avant déduction des charges. « Pour les jeunes qui veulent s'installer dans les territoires où l'on manque de monde, le contrat PTMG est très positif, surtout pour le congé maternité qui reste un souci pour toutes les femmes médecins installées en libéral », confirme le Dr Mutambayi.
En octobre 2015, 480 contrats de PTMG avaient été signés. Et 500 nouveaux contrats ont été ouverts en septembre 2016, avec l'objectif gouvernemental de parvenir à 1 700 installations cumulées fin 2017.
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