Nous sommes installés depuis bientôt trente-cinq ans et nous avons bientôt soixante-trois ans dans une ville chère à notre président de la République. Notre bassin est classé « zone de revitalisation rurale – ZRR » et a perdu dix médecins en dix ans. Il n’y a pas eu de nouvelle installation depuis une quinzaine d’années et nos spécialistes partent à la retraite sans être remplacés.
À l’heure où l’on nous rebat les oreilles sur les déserts médicaux, sur la pénurie de médecins, sur la qualité des soins, à l’heure où les municipalités tentent en vain de faire des ponts d’or pour faire venir de jeunes médecins pour s’installer, nous sommes bouleversés par une situation qui nous contraint tous les jours à refuser nos soins à de nouveaux patients en quête de médecin.
Dans ce contexte gravissime, où notre médecine est une très Grande Malade, il existe une loi de finances exonérant les jeunes médecins s’installant dans une ZRR pour cinq ans d’impôt sur le revenu… mais cette loi exclut les enfants de médecins venant s’installer avec leurs parents. Les nouvelles options pour 2017 afin de lutter contre la désertification excluraient-elles aussi les enfants de médecin ? Ce serait cocasse si cela n’était pitoyable.
Gérer la santé d’un pays est une tâche noble qui requiert toute l’attention d’un gouvernement et des élus. Devant le triste et désespérant tableau médical, ces derniers ne peuvent-ils pas faire une lecture différente de cette loi de finances pour les quelques enfants de médecins qui ont choisi le même métier que leurs parents et qui viennent travailler avec eux ?
Nous pensions que c’était une chance pour nous, nos patients, nos campagnes et nos petites villes désertées de les voir venir à l’heure où les médecins sont désespérés et les patients paniqués, mais pour eux être exclus au seul fait d’être « enfants de médecin » n’est une chance.
Nous avons envie de leur dire « sauvez-vous » et à notre fille « sauve-toi ! »…
* Des médecins et parents indignés installés à Tulle (19)
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