Scrutin professionnel, J - 3

La bataille des programmes, l’heure du choix

Publié le 27/09/2010
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Crédit photo : S. Toubon/« le Quotidien »

DANS DEUX JOURS, le scrutin pour désigner les représentants des médecins libéraux aux unions régionales des professionnels de santé (URPS) sera clos. Non sans quelques bugs, plus de 120 000 praticiens ont reçu la semaine dernière le matériel électoral utile pour voter par correspondance dans un des trois collèges et environ la moitié de ce corps médical libéral devrait se prononcer jusqu’à mercredi (la participation étant traditionnellement plus forte chez les généralistes que chez les spécialistes). Pour ceux qui hésitent encore, ou sont égarés dans le maquis des professions de foi, « le Quotidien » administre une petite piqûre de rappel avec les grandes lignes du programme des syndicats en compétition, sans prétendre à l’exhaustivité (lire tableau).

Plus que jamais, la question des honoraires – ou plutôt du mode de rémunération au sens large – est au cœur du scrutin. Ce sera aussi un des enjeux de la prochaine convention médicale pour cinq ans, qui sera négociée dans quelques mois. Si tous les syndicats acceptent désormais le principe d’une diversification de la rémunération, le dosage entre paiement à l’acte et forfaitisation, et même objectifs « à la performance », n’est pas forcément le même selon les centrales. En la matière, beaucoup d’idées ont été avancées, du tarif horaire aux actes à forte valeur ajoutée, des forfaits « structure » aux espaces de « liberté et de créativité » à négocier avec les agences régionales de santé (ARS). Certains ont ébauché leur réforme idéale des consultations (CCAM clinique). Avec toujours, en arrière-plan, une contestation tarifaire latente chez les généralistes qu’il s’agisse de la bataille du CS (MG-France et ses alliés) ou du combat confédéral pour le respect des accords signés (C à 23 euros).

Trouble-fête.

Autre mérite des élections professionnelles : plusieurs dossiers jusque-là laissés en jachère se sont imposés dans le débat même si les arguments ont surgi en ordre dispersé : à l’approche du scrutin, les syndicats ont multiplié les propositions pour les quelque 15 000 MEP en mal de reconnaissance, les femmes médecins dont la protection sociale laisse encore à désirer, ou encore les spécialistes qui exercent sur plateaux techniques lourds. Dans les réunions locales, la retraite était un sujet incontournable, ce qui n’est pas forcément en grand signe d’optimisme professionnel.

Comme à chaque scrutin de ce type, de nouvelles forces émergentes, en quête de notoriété et de représentativité, ont joué leur carte à fond, bien décidées à tailler des croupières aux centrales habituelles et à jouer les trouble-fête. En 2006, Espace Généraliste avait créé la surprise. En 2010, le BLOC semble trouver une oreille attentive dans les équipes chirurgicales, Union Collégiale s’est (re)construite sur la défense des expertises particulières. En revanche, le petit syndicat Alliance (jusque-là représentatif des spécialistes et présent à toutes les négociations conventionnelles), quitte la scène à bas bruit, plombé par les déchirements internes : ses membres ont rejoint les listes du SML, sauf dans quelques régions où il reste présent sous cette étiquette.

Certains regretteront la coloration presque exclusivement nationale et politique donnée à la campagne 2010. Au bilan des URML, souvent collégial, les syndicats ont préféré l’affrontement, coup pour coup. Avec deux angles d’attaque principaux bien rodés : « l’échec » de ceux qui ont porté la dernière convention, « l’aveuglement » de ceux qui ont soutenu la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). Aux médecins de faire le tri, et d’opérer un choix.

 CYRILLE DUPUIS

Source : Le Quotidien du Médecin: 8823