Le quotidien des lecteurs

Le livre Michel Onfray : la critique d’un pohilosophe

Publié le 23/07/2010
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Hauteville-Lompnes (01)

Dr Jean-Stéphane Houot

Je voudrais réagir à la critique parue dans le Quotidien concernant le livre de Michel Onfray sur l’affabulation freudienne.

Mon point de vue est celui-ci pour faire simple : la psychanalyse est à la médecine ce que l’astrologie est à l’astronomie. Ce n’est qu’ un objet scientifque réfutable.

La critique que j’ai lue dans la quotidien du médecin est celle d’un philosophe : Freud n’est pas marxiste soit. Mais pour soigner doit-on être marxiste ou pas ? C’est un hors-sujet pour le champ médical éthique. En revanche, soigner au mieux et le plus efficacement possible, c’est le but de notre métier. Cette critique ne répond pas à l’utilité de la psychanalyse en médecine. Cela me paraît plutôt noyer le poisson laissant une aporie philosophique.

Freud n’est pas un prophète, il a montré un chemin mais il n’est pas "Le Chemin". Pasteur a ouvert le chemin de la bactériologie mais ses découvertes ont été dépassées par ses diciples.

Or que voit-on en psychanalyse, me semble-t-il ? La fidélité à Freud prime sur le soin efficace dû aux patients. Les avancées thérapeutiques en autisme, en addictologie et en psychiatrie se sont faites contre les tenants de la psychanayse au point que ces champs médicaux sont dévastés et en retard depuis plus de 30 ans au grand dam de patients prisonniers de la toute-puissance de la "talking cure".

Il s’agit donc d’une perte de chance pour nos patients. Ce n’est pas conforme à l’éthique et la déontologie médicales. Les médecins qui se fient à la psychanalyse sont devenus incompétents médicalement, à mes yeux. Surtout quand je vois des patients bipolaires ou dépressifs chroniques peu ou pas traités par des régulateurs de l’humeur et qui s’abiment dans l’alcool, le marasme suicidaire mais qui voient toutefois un psychiatre quatre fois par semaine.

En conséquence, j’aurais aimé lire une critique médicale et non pas philospohique du Livre d’Ongray ce qui est déjà une esquive du débat scientifique concernant Freud. Ce monsieur que je respecte (encore ?) pour certaines questions posée en 1900, né en 1856 et mort en 1939, est-il utile encore à la médecine actuelle ?

Nice

Dr Annie Capitano

Il faut remercier Michel Onfray

La question que soulève Michel Onfray avec son dernier livre ( affabulation freudienne) ne peut pas être traitée si superficiellement ( cf l’article du 18 mai de M. Masse ) : depuis un siecle, la psychanalyse a envahi le champ de la thérapeutique et du médical ( du médical "vrai " : schizophrénie, autisme, paranoia, alzheimer, troubles obsessionnels compulsifs... , je ne parle pas du "vague à l’âme" ou des "bleus à l’âme" où toute philosophie-religion, -introspecton, est licite ).

L’enjeu pour les médecins est fondamental : les théories psychanalytiques ne sont que des hypothèses et elles ne s’appliquent pas, de manière dogmatique, au fonctionnement de tout individu. Elles concernent sans doute Freud , d’autres peut-être, parfois , mais n’ont pas de valeur universelle (ce qui pourtant a été érigé en dogme ... depuis des décennies).

Les théorisations issues de la psychanalyse ne sont pas des "modèles" scientifiquement valides ; c’est là que le problème devient majeur : nos universités, nos facultés de médecine, de psychologie, nos écoles d’orthophonie, de psychomotricité , les filières de l’enseignement et de la petite enfance , sont toutes formatées par le modèle psychanalytique .

Aujourd’hui en France, en 2010, on "soigne" des adultes et des enfants sur ces bases - là ; on engage l’avenir d’enfants sur ces concepts là ! toutes les couches de la société, les médias, et curieusement plus on "monte" dans l’intelligentsia française et plus les adeptes freudiens, lacaniens ou annafreudiens., kleiniens ou winnicotiens.. sont "accro" à leurs croyances et dédaigneux des arguments d’autrui ( même bien étayés) . Les neurosciences sont qualifiées par eux de "scientisme"! ;rappelez vous, on nous a abreuvé il y a peu , de déclarations comme "la soufrance psychique n’est pas évaluable ..." Le débat actuel pourrait n’avoir d’importance "que" conceptuelle ( après tout, l’univers est bien assez grand pour qu’on y discute ou qu’on y pratique toutes sortes de "religions"). Il aura fallu internet et la circulation plus facile des informations venues d’ailleurs, pour que les patients et leurs familles ( et leurs médecins!)réalisent que d’autres modèles et d’autres prises en charge ( ayant été validées scientifiquement ) étaient non seulement possibles mais préférables. Et ces mêmes patients se heurtent au gré des services, au sein des CHU , à des verrouillages qu’ils mettent des années à comprendre ...un peu .

Pour au final, réaliser , 15 ans après, que leur enfant a perdu un temps "fou" en errance thérapeutique , et qu’on les a "balladé " avec de biens grands mots bien ronflants et bien hermétiques . Je ne comprends toujours pas, après 50 ans de galère, pourquoi aujourd’hui comme hier , il est encore si difficile de sortir du modèle psychanalystique !

Tenez,pour finir sur une note d’humour "noir", un propos destiné à rassurer la mère (inquiète) d’un enfant autiste : ".....madame,dans notre service de pédopsychiatrie , nous avons la chance d’avoir un psychomotricien lacanien ." (sic!) - " Pierre Desproges aurait sans doute été séduit ! Je remercie Michel Onfray d’avoir démonté ces constructions toutes théoriques . Son livre est passionnant, très bien documenté et actualisé . Et convaincant ! D’autres l’ont fait avec talent avant lui, mais son courage est bienvenu : La déferlante des oppositions est et sera rude , mais dans quelques années nous serons très étonnés d’avoir mis si longtemps à ouvrir les yeux : le paradoxe français sans doute

Les Angles (33)

Dr Claude Favier

L’informatisation et les patients

Je suis très perplexe quant aux affirmations énoncées dans le Quotidien par le directeur de l’UNCAM, Frédéric Van Rœkeghem. Modernisation de la médecine libérale et service rendu aux patients : savez vous ce que disent les patients, et leur principal motif de mécontentement ? « Il ne m’a pas regardé, il a passé son temps sur son ordinateur ». Je ne développerai pas plus.... Mais vive la carte vitale, vive le dossier médical informatisé, vive Big Brother. Meurent les patients. Au moins il n’ y aura pas de déficit...


Source : Le Quotidien du Médecin: 8786