Un médecin généraliste de 57 ans exerçant dans un département du nord de la France, a été condamné le 18 mai 2016 à trois mois ferme de suspension (et trois mois avec sursis) par la chambre disciplinaire de première instance de l'Ordre des médecins. Le praticien avait entretenu une liaison avec une patiente âgée de 34 ans, qui se trouvait dans une « relative fragilité physique et intellectuelle », selon les termes de la décision ordinale que « le Quotidien » a pu consulter.
Du 19 mai au 23 juin 2015, indique le document, le praticien a entretenu avec sa patiente une relation « amoureuse et sexuelle, notamment au sein même de son cabinet médical ». Étant son médecin traitant, précise le texte, le praticien ne pouvait ignorer la fragilité de sa patiente, atteinte d'une pathologie rhumatismale chronique, ni les sentiments qu'elle éprouvait à son égard, et qu'elle lui avait confiés quelques mois auparavant. Il y est aussi précisé que la relation a démarré à l'initiative de la patiente.
La chambre disciplinaire juge que l'attitude du praticien contrevient aux dispositions du code de déontologie, et notamment à ses articles 2 et 3, qui stipulent que « le médecin exerce sa mission dans le respect de la vie humaine, de la personne et de sa dignité », et qu'il doit, « en toutes circonstances, respecter les principes de moralité, de probité et de dévouement indispensables à l'exercice de la médecine ».
Le secret médical en question
Mais la chambre ne s'arrête pas là, car au bout d'un mois de cette liaison, le praticien a voulu y mettre un terme. Il s'est dans ce but rendu au domicile des parents de sa patiente et, en l'absence de celle-ci, leur a remis son dossier médical. La patiente étant majeure, ajoute la chambre, ce fait constitue une violation du secret médical auquel est astreint le praticien. Il est de plus reproché au médecin de n'avoir pris aucune disposition pour assurer à la jeune femme la continuité des soins que son état requerrait.
Contactée par « le Quotidien », l'avocate du praticien condamné indique que ce dernier, très affecté par cette affaire, ne souhaite pas s'exprimer, ni être nommément cité. Elle précise enfin que son client n'a pas voulu faire appel de la décision ordinale. Sa suspension a pris effet au 1er septembre.
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