Certaines communes s'en remettent à une statue, un jeu-concours ou à diverses banderoles pour trouver un médecin. À Vallabrègues, bourgade de 1 300 habitants dans le Gard, c'est une chaîne humaine que la municipalité a organisée il y a quelques jours pour attirer l'attention. Plus de 400 personnes ont ainsi défilé dans les rues de la commune. À la fin du mois de juin, le Dr Bruno Durante, seul généraliste de Vallabrègues, partira à la retraite et n'a toujours pas trouvé de successeur.
« La chaîne humaine s'est faite en accord avec la mairie, précise au “Quotidien” le médecin de 62 ans. J'ai passé plusieurs petites annonces, sans réponses, désormais il faut attirer l'attention des pouvoirs publics sur nos problèmes de désertification. »
Installé depuis 35 ans à Vallabrègues, le praticien est témoin des difficultés que rencontrent aussi tous les bourgs alentour. « Il y a quelques années encore, nous étions une quarantaine de médecins dans notre secteur, bientôt nous ne serons plus qu'une vingtaine, s'inquiète le Dr Durante. J'ai une patientèle de plus de 1 000 personnes. Certaines, qui ne sortent plus beaucoup de chez elles, sont effrayées par mon départ. »
Ce matin avec les Vallabréguants pour une grande chaîne humaine pour dire non aux déserts médicaux.#Vallabrègues pic.twitter.com/9zeV0lCYu9
— Yoann Gillet (@YoannGillet_fn) April 29, 2017
Déjà des touches
Le médecin met pourtant en avant la situation de Vallabrègues. La commune est proche de Tarascon (Bouches-du-Rhône), où « il y a notamment un cabinet de radiologie, un ophtalmologiste, un gynécologue », détaille-t-il. Le maire de la commune, Jean-Marie Gilles (sans étiquette), insiste lui aussi sur la « bonne situation » de Vallabrègues, au cœur du triangle « Nîmes-Arles-Avignon ».
Depuis plusieurs années, l'édile s'efforce de préserver les services de sa commune, indispensables pour faire venir un médecin. « Un village sans services publics, c'est un village qui se meurt, souligne-t-il. Ici nous avons encore une crèche, une école, un bureau de poste, une station-service… » Et la mairie envisage de faire bâtir en 2018 un logement de fonction avec plusieurs chambres, pour le médecin qui prendra la succession du Dr Durante.
Les efforts commencent à payer. À force de recherches tous azimuts et grâce à la médiatisation de sa « chaîne humaine », Jean-Marie Gilles a été contacté par plusieurs généralistes de la région, dont un de Menton, mais également par un médecin grec et deux praticiens roumains. Le maire a également fait appel à un cabinet de recrutement. « J'ai bon espoir de trouver quelqu'un d'ici à la fin juin, conclut Jean-Marie Gilles. En tout cas ce ne sont pas les patients qui manqueront ! »
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