C’est un cabinet tout ce qu’il y a de plus classique, en plein centre-ville de Malakoff, dans les Hauts-de-Seine. Mais les nombreux messages affichés sur la façade attirent inévitablement le regard. Mises en garde, conseils de lecture, déclarations officielles, articles de presse, tribune scientifique… le Dr Emmanuel Héau milite à sa façon contre le scepticisme médical et contre la désinformation. Les sujets chauds du moment ? L’extension de l’obligation vaccinale et la crise du Lévothyrox.
« C’est ma façon d’inviter les gens à réfléchir sur ces questions, indique le généraliste de 63 ans. Il y en a qui s’arrêtent devant le cabinet pour lire ce que j’ai affiché. D’autres qui viennent m’en parler ou qui me laissent un petit mot. Le principal est d’amorcer le dialogue. »
Les généralistes sont en première ligne pour faire face à la crise de confiance envers la médecine. « Il n’y a pas que les patients. Il y a aussi les amis, les proches, parfois les confrères… Ça n’arrête pas, témoigne le Dr Héau. On vient me provoquer gentiment sur les vaccins, sur mon rôle d’empoisonneur public ! »
Face aux interrogations, le médecin reconnaît qu’il doit perpétuellement se remettre en question, pour apporter des réponses simples, argumentées scientifiquement, tout en évitant de tomber dans le débat stérile.
« J’ai vu les ravages de la poliomyélite »
La question de la vaccination le touche plus particulièrement. Médecin tropicaliste, il a côtoyé en Afrique la réalité de la maladie infectieuse. « J’ai vu les ravages de la poliomyélite, j’ai vu des nourrissons mourir du tétanos. On ne peut pas accepter ça. On ne se rend pas compte du confort sanitaire dans lequel on vit en France. On a oublié », regrette le médecin.
Sur la façade de son cabinet, il a reproduit la couverture d’un ouvrage du Pr Philippe Sansonetti, chercheur à l’institut Pasteur : « Vaccins. Pourquoi ils sont indispensables. » « C’est un livre merveilleux qui raconte le monde avant la révolution pasteurienne », s’enthousiasme le Dr Héau.
Le médecin ne convainc pas tous ses patients. Il reconnaît qu’« il y a parfois des affrontements, des gens qui ne sont pas d’accord ». Mais il rappelle « à ceux qui refusent la vaccination qu’ils ont une responsabilité pas seulement individuelle mais collective ». Il soutient à 100 % la décision de la ministre de la Santé, le Pr Agnès Buzyn, d’étendre l’obligation vaccinale : « Je trouve cela formidable. Je salue cette femme qui va au bout de ses convictions. C’est une vraie démarche de médecin ! »
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique