UNE ÉTUDE MENÉE au Brigham and Women’s Hospital de Boston (hôpital universitaire du Massachusetts) et publiée dans le journal du New England of medecine démontre sans ambiguïté l’efficacité de la technologie code-barre pour prévenir les erreurs d’administration des médicaments. Subventionnée par l’Agency for Healthcare researche and quality (AHRQ), l’étude, dont le principal auteur est Eric Poon, a permis d’évaluer, pendant une période de 9 mois, les taux d’erreurs liées à la retranscription de prescriptions et à l’administration dans 35 unités cliniques de médecine, de chirurgie et de soins intensifs. Durant l’année de l’étude, en 2005, les médecins ont rédigé près de 1,7 million de prescriptions et les infirmières ont administré environ 5,9 millions de doses de médicaments. L’hôpital a commencé le déploiement du système électronique d’enregistrement, par lecture code-barre, de l’administration des médicaments (e-MAR, pour « electronic medication administration record ») en avril jusqu’au mois de juillet 2005. Les unités d’oncologie n’ont pas été incluses dans l’étude à cause de la complexité des protocoles de chimiothérapie. L’étude, prospective, avait pour objectif de comparer les taux d’erreur dans les unités équipées avec ceux constatés dans les unités non utilisatrices du système. Les erreurs d’administration portant seulement sur l’horaire de prise du médicament ont été classées à part. Chaque erreur d’administration ou de transcription était codifiée. Par ailleurs, un groupe multidisciplinaire de médecins, pharmaciens, infirmiers s’est réuni pour confirmer l’erreur et déterminer la gravité de l’effet indésirable qu’elle aurait produit chez le patient si elle n’avait pas été interceptée. Au total, 14 041 doses administrées ont été analysées dont 7 318 dans les unités disposant du système e-MAR et 6 723 dans celles non équipées. Parallèlement, 3 082 prescriptions retranscrites ont été étudiées, 1 283 dans les unités avec code-barre et 1 799 dans les autres. Dans les unités non équipées, 776 erreurs d’administration ont été observées (soit un taux d’erreur de 11,5 %) contre 495 dans les unités munies du système (6,8 % d’erreurs). Cette différence représente une diminution de 41,4 % du risque relatif. Consécutivement, le taux d’événements indésirables potentiels chute de 50,8 % en utilisant la lecture code-barre au chevet du patient. Cette baisse est respectivement de 48,5 % pour les événements indésirables ayant une traduction clinique et de 54,1 % pour les événements indésirables potentiellement graves. Les erreurs dues à une mauvaise transcription de la prescription ont été totalement abolies dans les unités utilisant la lecture code-barre. Le bénéfice de l’utilisation de la technologie e-MAR s’est révélé plus importantes dans les unités chirurgicales que médicales. Les auteurs de l’étude qui ont estimé, sur une base annuelle, à 5,9 millions le nombre total de doses de médicaments administrées dans leur hôpital, en déduisent que l’utilisation d’un tel système permettrait d’éviter chaque année environ 95 000 événements indésirables potentiels interceptables au moment de l’administration. Pour François Pesty, pharmacien et expert conseil en organisation et informatisation du circuit du médicament, ces résultats montrent que l’utilisation de la lecture code-barre au lit du malade « devrait être rendu obligatoire dans toutes les unités de soins de nos hôpitaux ». Il lance sur internet une pétition « pour sauver chaque année en France des centaines de vies humaines mises en péril par des erreurs médicamenteuses évitables » (optimiz-sih-circ-med.fr/PETITION2.aspx).
Prévention des erreurs à l’hôpital
Un code-barre pour aider les soignants
Publié le 17/05/2010
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STÉPHANIE HASENDHAL
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Source : Le Quotidien du Médecin: 8771
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