Les Curie mère et filles
Marie Curie n’est pas seulement la lauréate de deux prix Nobel, en 1903 et 1911. Elle est aussi la mère de deux filles, Irène et Ève, qui avaient 9 et 2 ans lorsque Pierre Curie est mort. « Marie Curie et ses filles. Lettres » (1) rassemble plus de 200 courriers échangés entre mère et filles de 1905 jusqu’au décès de Marie en 1934, sur près d’un millier qui ont été conservés. Les sujets abordés concernent aussi bien la vie quotidienne et les vacances que les impressions de voyages, des questions touchant le laboratoire, les rencontres avec des scientifiques de renom ou les activités internationales de la chercheuse. Elles témoignent surtout des liens d’affection étroits qui n’ont jamais cessé de se développer entre ces trois femmes brillantes. L’édition a été réalisée par Hélène Langevin, fille d’Irène Joliot-Curie et petite-fille de Marie Curie, et Monique Bordry, qui a été directrice du musée Curie.
L’hommage d’une académicienne
Un autre hommage de reconnaissance et d’amour de toute beauté est signé de la grande philologue et helléniste Jacqueline de Romilly. On sait qu’elle s’était révélée, à l’hiver de sa vie (à l’âge de 74 ans), un écrivain de l’intime. On ignorait qu’elle avait écrit « Jeanne » (2) dix ans auparavant, l’année qui suivit la mort de sa mère, en 1977, mais avait souhaité que le livre ne fût publié qu’après sa disparition (en décembre dernier, à 87 ans). « Jeanne » fait le portrait d’une femme intelligente et instruite, qui devint veuve au début de la guerre de 14, un an après la naissance de Jacqueline. Une femme moderne et courageuse qui, pour gagner sa vie, s’essaya à la traduction et à la fiction jusqu’à devenir, à la fin des années 1930, une romancière connue sous le nom de Jeanne Maxime-David. La guerre à nouveau, l’occupation allemande, les lois raciales, l’exode mirent un terme à ses ambitions littéraires. De retour à Paris, Jacqueline de Romilly entama sa brillantissime carrière universitaire et académique tandis que Jeanne se fondait dans l’ombre de sa fille.
Maman, bobo !
Les hommes aussi pleurent leur mère. Ainsi de Patrick Sébastien, qui a déjà rendu hommage à « Dédée », ainsi qu’il l’appelait (elle est morte en 2008), dans un livre intitulé « Tu m’appelles en arrivant ». Il récidive dans un nouveau témoignage au titre nostalgique, « Dehors il fait beau… hélas ! » (3), un livre écrit, dit-il, à l’emporte-pièce en deux mois et sans rature. C’est pour cela peut-être qu’il ne faut pas s’arrêter à l’écriture mais apprécier les élans de sincérité qui sourdent des pages. Car s’il dialogue parfois avec sa maman, c’est d’abord lui que l’homme-orchestre de la télé raconte, qu’il s’agisse de l’adoption de sa fille en Polynésie, de ses démêlés professionnels ou des joies et malheurs d’être un homme public.
Plaidoyer pour une enfant.
Peu banale, l’« Histoire d’une passion » (4) relate l’amour inconditionnel qu’éprouve Gisèle Halimi pour sa petite-fille. Le livre fait écho à son ouvrage publié il y a dix ans, « Fritna », dans lequel elle révélait le désamour de sa mère, son obstination farouche pour la forcer à l’aimer et son échec. Engagée politiquement et socialement, l’avocate explique ici que, après avoir élevé trois garçons, elle a été pour la première fois le témoin direct de ce qui « fabrique un individu de sexe féminin ». Mais bien au-delà de la mise à l’épreuve de son engagement féministe, Gisèle Halimi laisse apparaître la « passion totalitaire » qu’elle éprouve pour celle qu’elle surnomme Tahfouna. Un amour partagé par la fillette et cependant mis à mal par les parents de celle-ci, qui lui ont imposé trois années de séparation. Avant les retrouvailles.
L’amoureux des mots
Qui, mieux que Bernard Pivot, justifie le recours au dictionnaire ? C’est sous cette forme, et parce que la mémoire est vagabonde, qu’il a choisi de nous livrer des pages de son existence. « Les Mots de ma vie » (5) sont ceux qui l’ont accompagné dans sa vie professionnelle, d’« Ouvrez les guillemets » à « Bouillon de Culture » en passant par « Apostrophes » ou « Double Je ». Mais aussi « d’autres mots qui relèvent de ma vie privée, de mes souvenirs intimes, de mes manières d’être, de ma psychologie d’enfant et d’adulte, de mes trucs, de mes manies, de mes rêveries, de mes bonheurs, de mes chagrins, de mes petites aventures d’homme devenu public grâce à une succession de clins d’œil du hasard ». Auxquels il faut ajouter quelques petites choses inventées, « suscitées par ce supplément de vivre et de jouir qu’on appelle l’humour ». Tout est dit !
Mémoires d’enfance et d’outre-tombe
Philippe Bouvard a 81 ans, il est l’animateur des « Grosses Têtes » (RTL) depuis plus de trente ans et il a publié une cinquantaine de livres. Son précédent ouvrage, « Je suis mort et alors », a été un tel succès qu’il récidive en nous apostrophant à nouveau d’outre-tombe, dix ans après avoir été conduit au cimetière.
Dans « Ma vie d’avant, ma vie d’après » (6), il continue à observer le monde des morts et le monde actuel et les commente avec la verve qui le caractérise, mais surtout il se souvient d’une enfance pas vraiment heureuse. À cause de la guerre, d’abord, et des origines juives de sa mère, qui ont obligé sa famille à déménager souvent, à cause de l’école, où il se distinguait en tant que cancre, et à cause de ses parents, qui semblaient être toujours sur le point de divorcer.
(1) Pygmalion, 417 p., 19,90 euros.
(2) Éditions de Fallois, 245 p., 18 euros.
(3) Oh éditions, 300 p., 19,90 euros.
(4) Plon, 195 p., 18,50 euros.
(5) Albin Michel, 364 p., 20 euros.
(6) Flammarion, 249 p., 19 euros.
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