* Bien vivants
Avec Viviane Chocas, les vieux sont toujours bien vivants. Après « Bazar Magyar », une quête des origines guidée par les saveurs, « Je vais beaucoup mieux que mes copains morts » (1) est un récit drôle et subtil, dans lequel Blanche anime un atelier d’écriture dans une maison de retraite. Au fil des séances – et alors que la jeune femme, bien que tourmentée par l’absence d’un père, ne veut vivre que pour le moment présent –, les pensionnaires racontent leur histoire et, tandis qu’ils se souviennent, ils retrouvent leur énergie d’avant. Assez en tout cas pour ourdir une improbable cavale dont Blanche se fera la complice, qui la conduira malgré elle à affronter son passé. Une épopée du troisième âge à rebours des préjugés.
* Horreur et grandeur du vieillissement
En arrière-plan d’« Euphorie » (2), le sixième roman de Frank Deroche – qui nous a régalé l’an passé avec sa satire sur la vogue macrobiotique et végétarienne intitulée « Bio » –, c’est d’âge canonique qu’il est question en la personne de Jeanne Calment, décédée à plus de 122 ans. S’il a décidé d’écrire un livre sur la doyenne des Français et doyenne de l’humanité, le narrateur ne cherche pas son inspiration auprès de ses proches survivants ou dans les archives, mais en questionnant Nelly Andrieu, qui fut la dernière infirmière de la centenaire et qui elle-même n’est plus très jeune.
C’est ainsi que prend forme « l’Arlésienne », une biographie romancée dans le roman, qui se transforme en la chronique douce-amère d’une maison de retraite imaginaire, la résidence du Lac. Frank Deroche mêle les confidences de la soignante, des passages du livre en train de s’écrire et des bribes de la vie privée du romancier, qui s’interroge sur le départ de sa fiancée et qui tente de réagir par tous les moyens, et nous fait participer à l’élaboration d’un travail littéraire qui a pour thème le vieillissement et pour terme la mort. À mesure que les pages du roman s’écrivent, on voit les corps se défaire, se dégrader, s’enlaidir, jusqu’au déclin final.
* L’amour n’a pas d’âge, reportage
C’est une citation de la marquise de Sévigné qui donne son titre au livre de Marina Rozenman, « le Cœur n’a pas de rides » (3). La journaliste de 33 ans est partie à la rencontre de celles et ceux qui, après 70 ans, rencontrent l’amour, de ceux aussi qui, en dépit de leur âge, espèrent toujours. Il résulte de ces rencontres à la ville et à la campagne, aux quatre coins de l’Hexagone, une série de dix portraits d’anonymes qui vivent des histoires d’amour extraordinaires, nouvelles et inattendues, ou bien qui traversent le temps et les événements. Avec leur lot de réussites et d’échecs, de joies et de tristesses. Et le poids des conventions sociales, la gêne des enfants et petits-enfants, les tabous sur la sexualité.
* 90 années de vie, journal-récit
Michel Peyramaure est un romancier incontournable, qui, depuis plus de cinquante ans, a écrit plus d’une cinquantaine d’ouvrages, la plupart consacrés à l’histoire de France. Il est né en 1922, et, à 90 ans, il publie, loin de ses fresques historiques, une autobiographie romancée au titre poétique, « Beaux nuages du soir » (4). L’écrivain a choisi la forme du « journal-récit » d’un alter ego nommé Julien Brousse, un journal intime tenu durant une année, pour se dévoiler en toute sincérité. Il y parle de sa vie passée, de ses amours, deses amitiés, de ses ennuis de santé, de l’écriture qui reste le sel de sa vie. Et à travers cette vie bien remplie, Michel Peyramaure continue de faire œuvre d’historien en brossant le portrait d’un siècle, ou presque.
(1) Éditions Héloïse d’Ormesson, 175 p., 17 euros.
(2) Gallimard, 246 p., 18,50 euros.
(3) NiL Éditions, 180 p., 18 euros.
(4) Robert Laffont, 348 p., 20 euros.
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